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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

rable dépôt ne devait être consigné, ce semble, que jusqu’au jour où Esnay serait en état de le recevoir ; puisque c’est sur la terre d’Esnay qu’avaient eu lieu l’immolation des martyrs, la dispersion et le recouvrement miraculeux de leurs restes, puisqu’enfin ces bienheureux confesseurs du Christ ont voulu que la tradition les désignât sous le nom de martyrs d’Esnay, martyris Athanacences. »

Après le célèbre édit de Constantin, qui, en 313, rendit la paix à l’église, un homme de Dieu, destiné à devenir un saint et un des premiers instituteurs de la vie monastique en Occident, vint se construire une cellule dans les voûtes abandonnées du temple d’Auguste et près du cachot de sainte Blandine ; c’était saint Badulphe. Sa piété lui attira bientôt de nombreux disciples, un monastère s’éleva pour les recevoir ; tels furent les commencements de l’abbaye d’Ainay.

Dans ces temps reculés, les monastères n’étaient pas, comme aujourd’hui, liés par une règle commune. Chaque couvent vivait dans son autonomie, sous la conduite et la règle de son supérieur. Mais, sur la fin du quatrième siècle, le bruit des merveilles et de la sainteté de saint Martin ayant rempli la France, un grand nombre de monastères embrassèrent à l’envi la règle de saint Martin. L’abbaye d’Ainay fut de ce nombre, mais seulement un demi-siècle après la mort du grand évêque de Tours, car elle venait d’être ravagée par les Huns, et elle ne fut restaurée que vers l’an 450, et mise alors sous le patronage de saint Martin, par saint Salone, évêque de Gênes et Lyonnais de naissance.

Cinquante ans plus tard, les Vandales dévastent à leur tour l’abbaye d’Ainay. Sous le règne de Gontran, elle est pour la troisième fois ruinée de fond en comble. Et nous voici aux temps de Sigebert. La reine Brunehaut, son épouse, cette énigme indéchiffrable de l’histoire, qui fut, selon Grégoire de Tours, un monstre de cruauté, et, suivant saint Grégoire le Grand, un prodige de piété et de savoir, va être la bienfaitrice de l’abbaye de Saint-Martin. Mais cent vingt ans plus tard, quatrième dévastation  ; les