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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

l’habit de l’ordre de Saint-François ; il ne voulut être que frère lai pour pouvoir s’adonner aux exercices les plus humbles ; grande fut sa vertu, ardente sa piété, profonde son humilité. Cependant des abus s’étant glissés dans l’ordre, surtout en ce qui touchait la sainte pauvreté, il fut un des premiers à en gémir, mais les sentiments humbles qu’il avait de lui-même ne lui permettant pas de se croire capable d’une telle réforme, il se contenta de prier. Dieu, néanmoins, avait sur le F. Paulet des desseins que cette âme généreuse ne devait pas tarder à réaliser.

Après deux essais de solitude, l’un sur le mont Cesi, l’autre dans une tour de Foligno, l’humble religieux obtint, par l’entremise d’un de ses parents, Hugolin de Trinci, l’ermitage de Bruliano, situé dans un lieu désert entre Foligno et Camerino. Il jeta là, en 1368, les fondements de l’Observance : c’était une rude vie qu’il fallait mener dans ce désert empesté ; aussi ses premiers compagnons se découragèrent-ils, mais ils furent bientôt remplacés, et les bâtiments même durent être agrandis, et quand le général Léonard de Giffon, élu en 1373, fit la visite des couvents du F. Paulet, il trouva les religieux si pauvres, si humbles, si parfaits, qu’il les crut fort propres à faire revenir tous les religieux attiédis et relâchés à la pure observance de la règle, et leur donna la permission de s’établir partout où ils le jugeraient à propos.

Cette permission, et un fait qui se passa à Pérouse, aidèrent puissamment au développement de la réforme. Les frérots, se disant rigoureux disciples de saint François, mais en vérité vivant à leur guise, en dehors de l’autorité du Pape et des évêques, étaient populaires à Pérouse et y avaient deux maisons. Les Frères Mineurs qui y avaient un couvent étaient par eux insultés avec violence, et leur vie devenait intolérable ; on résolut de donner le couvent de Pérouse aux religieux du F. Paulet pour confondre les frérots ; ce qui eut lieu en effet.

En suivant le cours des âges, on constate que le grand schisme d’Occident eut un contre-coup profondément ressenti dans la famille franciscaine ; le concile de Constance ayant été convoqué, les Obser-