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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

En présence de ces suspicions de doctrine, l’autorité religieuse dut agir. Comme il était notoire que le Grand Séminaire et Saint-Joseph étaient divisés sur la doctrine, l’archevêque, Mgr de Villeroy, cita les deux parties à comparaître devant lui le jour de la fête de saint Laurent, le 10 août 1722. Le Séminaire fut représenté par M. de Vaugimois, supérieur, et par M. de Fontenay, l’un des directeurs, et les Joséphistes par MM. Pichot, Rollin et Cadier. La conférence eut lieu en présence de MM. de Lacroix, vicaire général, Terrasson, official ; Michel et Navarre, promoteurs, et autres personnes que l’archevêque avait invitées à y assister. Loin de dissiper les préventions formées contre eux, les Joséphistes ne firent que les fortifier. Néanmoins, le prélat, qui aurait souhaité la disculpation des Joséphistes, ne sévit point contre eux immédiatement. Mais, en 1729, une lettre de cachet défendit aux Joséphistes de tenir des pensionnaires et d’enseigner soit la philosophie soit la théologie[1].

En 1762, les Jésuites furent expulsés, et le Consulat passa un accord avec les pères de l’Oratoire, qui prirent possession du Grand Collège. Il passa aussi un accord avec les Missionnaires de Saint-Joseph pour la tenue du Petit Collège, mais il ne paraît pas qu’il y fût donné suite. Pourquoi ? La raison est peut-être cachée sous ces quelques lignes d’un compte rendu de M. de l’Averdy :

« La congrégation de Saint-Joseph a sept maisons ; tout son but est l’instruction des jeunes gens de la campagne, et elle n’a établi de petits collèges ou pensionnats que dans la vue d’y former des sujets propres à recruter la congrégation, ayant toujours négligé la littérature, la philosophie et les mathématiques. »

Du reste, la Révolution était proche, et la communauté des Missionnaires, comme toutes les autres, eut à en subir les coups. Chassés de leur pieux asile, prêtres et étudiants se dispersèrent. Leurs immeubles furent confisqués, et, pendant le siège de Lyon, provisoirement occupés pour la fabrication des poudres. En 1795, ils furent vendus ; huit maisons, qui s’étendaient du quai de Retz à la place de la

  1. Notice sur M. de Vaugimois, par M. l’abbé Bertrand, Sulpicien.