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LES MISSIONNAIRES DE SAINT-JOSEPH

commencèrent à s’éloigner de lui, on fit des projets et l’on prit des dessins pour une grande église et de grands bâtiments ; on ne le consultait plus sur ce que l’on avait à faire.

Ce fut pour Jacques Crétenet une grande peine. Son dessein n’avait jamais été que d’associer des prêtres pour travailler dans les missions, et pour cet effet il aurait désiré que les Missionnaires eussent vécu, comme ils avaient fait par le passé, sans aucune maison qui leur fût propre, où que, tout au plus, ils en eussent une dans la ville qui leur servît de retraite, avec une petite chapelle pour y faire les fonctions de leur ministère ; que l’on fondât seulement sept ou huit places de Missionnaires qui eussent un revenu suffisant pour leur entretien et subvenir aux frais des missions, et que, lorsqu’il y aurait des revenus au delà, on allât s’établir en d’autres diocèses.

Ces messieurs, de leur côté, croyaient devoir faire une grande église et de grands bâtiments pour recevoir un grand nombre de personnes. Il fut en outre décidé que M. Crétenet ne se mêlerait point de ce qui concernait la communauté, et que les Missionnaires l’honoreraient et le respecteraient comme leur grand-père. Le fondateur se conforma pendant quelque temps à ces règlements, mais n’y trouvant pas la paix de son âme, il se retira (1666), sur les conseils d’hommes éminents en qui il avait toute confiance.

Du reste la mort n’était pas loin. Devenu veuf, il fut dirigé du côté du sacerdoce. Le 15 août 1666, il était ordonné prêtre à Belley, et le 1erseptembre, en revenant à Lyon, il mourut à Montluel. Son éloge fut alors sur toutes les lèvres et sa mémoire fut en bénédiction. Les religieuses Colinettes reçurent le cœur, le foie, et, plus tard, les ossements de celui qui les avait tant aimées.

On comprendra sans peine qu’entre ces religieuses et les Missionnaires devaient exister des liens intimes d’amitié spirituelle. C’est près de la mère Saint-François que Crétenet s’était formé à la vie intérieure, c’est à cet ordre de Sainte-Élisabeth qu’il avait donné sa fille ; c’est au couvent des Colinettes, aussi bien qu’à sa jeune société, qu’il avait intéressé le marquis et la marquise de Coligny ; c’est le supérieur des Missionnaires qui était l’aumônier des