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LES MISSIONNAIRES DE SAINT-JOSEPH

struction qu’avait le village de Martignat, en Bugey, dont le nouveau prêtre était natif. — « Eh bien, dit alors M. Crétenet, il faudrait que vous allassiez, avec ces messieurs, — et il nommait les prêtres qui étaient présents — dans votre village, instruire ces pauvres gens, et vous feriez une œuvre bien agréable à Dieu. » Cette idée sourit, et l’on résolut de la mettre à exécution aussitôt que les vacances seraient arrivées. En effet, aux jours convenus eut lieu la mission de Martignat, et ces nouveaux apôtres furent tellement séduits par ce genre de ministère qu’ils résolurent de consacrer aux missions tout le temps des vacances qu’ils auraient à la fin de chaque année de théologie.

Ce fut le commencement, mais les progrès ne se firent pas attendre, car le nombre des ouvriers apostoliques augmenta bien vite. Le Bugey, la Bresse, le Dauphiné furent les premiers champs défrichés par les nouveaux Missionnaires. C’est dans une de ces missions, donnée en octobre 1648 à Verjon, que M. le marquis et Mme la marquise de Coligny sentirent leurs âmes, sous l’ardente parole des prédicateurs, brûler d’une ferveur nouvelle : ils conserveront une profonde reconnaissance pour leurs Missionnaires, et seront plus tard les premiers et insignes bienfaiteurs de la congrégation naissante.

Les épreuves cependant ne manqueront pas : des bruits désavantageux courent sur les Missionnaires ; Jacques Crétenet, sur des rapports mensongers, encourt la malveillance du cardinal de Richelieu ; en 1651, les accusations contre les Missionnaires redoublent, « ce sont des gens de cabale, ce sont des aveugles qui en mènent d’autres, etc. » ; Crétenet est excommunié, et son excommunication est affichée aux carrefours de la ville ; les Missionnaires reçoivent l’ordre de comparaître devant le cardinal, et la défense de se laisser diriger par un chirurgien. Mais ces épreuves durèrent peu, et bientôt le cardinal fut désabusé. « M. Crétenet, lui dit-il, si je puis vous servir, je le ferai de tout mon cœur. » — « Allez, dit-il encore à un des prêtres qui, obéissant à son ordre, comparaissait devant lui, l’esprit de Dieu est là, continuez. »