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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

« fratels » qui soigneraient les pestiférés gagneraient leur maîtrise. C’était, pour Jacques Crétenet, une trop belle occasion pour qu’il négligeât de la saisir.

La première personne qu’il traita fut une jeune veuve, qui guérit, et lui fut promise en mariage, s’il se faisait recevoir maître chirurgien. Le 20 novembre 1629, il recevait la bénédiction nuptiale en l’église de Saint-Saturnin.

En 1634, il fit connaissance de la mère Madeleine de Saint-François, première religieuse et supérieure du premier monastère de Sainte-Élisabeth, avec laquelle il se lia d’une sainte amitié qui contribua beaucoup à sa perfection spirituelle. Pendant neuf ans, il alla presque tous les jours voir cette pieuse femme, et c’est grâce à cette heureuse influence qu’il arriva à être très appliqué à l’oraison et à pratiquer les plus solides vertus. Cette situation, cependant, ne laissait pas que d’être étrange, elle prêtait à la malignité ; il eut à subir à ce sujet quelques persécutions, mais il en sortit vainqueur, et plusieurs, dès lors, commencèrent à vouloir l’imiter.

Je ne dirai rien de ces vertus, elles étaient si admirables, que M. Olier, instituteur du séminaire Saint-Sulpice, à Paris, ayant eu plusieurs fois l’occasion de le voir, eut pour lui une estime particulière, et le montra comme un modèle aux prêtres de Saint-Sulpice. Le zèle était le trait distinctif de son caractère. Aussi, lorsqu’en 1643 la peste éclata de nouveau, sa charité fut-elle à la hauteur de son zèle ; l’hôpital de la Quarantaine put les apprécier, et l’on alla jusqu’à dire qu’avant M. Crétenet les pestiférés mouraient presque tous, mais que depuis ils étaient presque tous guéris. Cette éminente vertu groupa autour de lui plusieurs hommes du monde, et même quelques prêtres, désireux de la perfection chrétienne ; c’était un acheminement à la grande œuvre dont Dieu lui réservait la fondation.

Un jour qu’il avait à dîner chez lui quelques-uns de ses disciples, en l’honneur de l’un d’eux qui avait célébré, ce jour-là même, sa première messe, la conversation tomba sur la grande ignorance des peuples de la campagne, et en particulier sur le besoin d’in-