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LES MINIMES

contrôle en folles dépenses. Il a à Fontanière, près de Sainte-Foy-lès-Lyon, une magnifique campagne où le porte un fringant équipage, et où il donne des festins et des fêtes. Peu à peu, presque rien ne reste des règles de l’ordre ; le costume est modifié, la vie quadragésimale est violée, les sorties sont fréquentes et volontaires, l’office canonial est abandonné. Enfin, nombreux sont les religieux qui demandent à quitter leur profession.

Sans doute, tous les religieux ne donnèrent pas dans ce relâchement, et nous avons la preuve écrite de protestations indignées. Mais les charges étant électives, le P. Gaudin manipula le suffrage à son gré, et eut recours à tous les expédients pour s’assurer les suffrages ou pour faire nommer quelqu’une de ses créatures dévouées. Cet état de choses dura jusqu’en 1774. Alors le P. Jean-Baptiste Revoire essaya une réforme qu’il aurait sans doute menée à bien avec le temps, mais le temps lui manqua ; l’école de Voltaire faisait bonne garde, et la Révolution était aux portes.

L’école de Voltaire trouvait les couvents trop nombreux et trop riches, et l’autorité royale se mit au service des philosophes. On imposa aux ordres la révision de leurs règles et tous les devoirs de la conventualité ; on leur défendit d’avoir plus de deux couvents à Paris et plus d’un dans les autres villes ; on limita le nombre des religieux et l’on supprima les couvents qui ne pouvaient atteindre ce chiffre ; enfin, neuf congrégations furent abolies. De cette sorte trois cent quatre-vingt-six couvents furent fermés, et le nombre des religieux diminua d’un tiers. Les Minimes furent fortement atteints par ces mesures. La Révolution ne fit qu’achever une œuvre à moitié faite.

Quand la Constituante eut décrété ses lois sur les couvents, la municipalité lyonnaise se présenta au couvent des Minimes (mai 1790). Il y avait alors dix-sept religieux, quinze prêtres et deux frères. Quatre seulement déclarèrent qu’ils persistaient à demeurer en communauté, et encore ces quatre religieux furent-ils obligés à leur tour de quitter le couvent et de se disperser au commencement de 1791. La Croix-de-Colle fut mise aux enchères ; l’église servit de grange a foin, et le couvent devint une caserne.