Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/453

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
436
LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

était celle de la Santé, fondée en 1628, au temps de la peste[1]. En ces jours malheureux, deux religieux minimes furent envoyés par le consulat en Italie pour obtenir du ciel la cessation du fléau. M. l’abbé Vanel, qui a écrit sur ce couvent une consciencieuse et remarquable étude, dit que ce fut en 1629 que deux religieux minimes, Pierre de Torvéon et Dominique Meillier, suspendirent dans le sanctuaire vénéré de la Santa Casa, à Lorette, une belle lampe d’argent qu’ils avaient fait fabriquer à Venise. Mais l’almanach de 1755 s’exprime autrement : « Deux prêtres de cette maison firent, en jeûnant et pieds nus, le voyage de Saint-Roch à Venise, l’an 1667, année fatale de peste et de maladies contagieuses. » Cette dernière date nous semble fausse, car le vœu des échevins, qui délivra notre cité de ce fléau chronique de la peste, date de 1643 ; après cette date il n’en est plus question ; la date de 1667 nous semble donc une erreur.

Bien que les limites étroites de cette modeste étude ne nous permettent pas d’entrer dans de grands détails, il nous semble cependant impossible de ne pas redire quelques noms de religieux.

Le P. Roland Guichard, neveu du fondateur Simon Guichard, fut supérieur et provincial de Lyon. Il prêcha beaucoup, et pendant plus de quarante ans. Quand les hérétiques furent maîtres de la ville, il resta seul à Lyon. Les protestants prétendirent qu’il était atteint de la peste, et on le traîna à l’hôpital de Saint-Laurent, où l’on entassait les pestiférés. Le bon père, dans ce milieu, prit en effet la contagion, mais il n’en mourut pas, et il profita de cette aventure pour exercer son zèle apostolique et confesser ses infortunés compagnons.

Le P. Jean Ropitel fut appelé le fléau des hérétiques ; il prêcha huit ans à Lyon, sans discontinuer, contre les ministres calvinistes. Il était, dit Dony d’Attichy, « ferré à glace, et avait de quoi répondre ». Viret, le fameux apostat, fut publiquement convaincu par lui. Les

  1. La chapelle de Saint-Roch, à la Quarantaine, était desservie par les pères Minimes. (Voir Revue du Lyonnais, 11-216.)