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LES MINIMES

des ennemis ; il était entouré de murailles, et dans ces murailles d’enceinte on comptait vingt-deux tours ; deux grandes portes donnaient accès dans le cloître. Au milieu de cette enceinte s’élevait la riche église de Saint-Just, flanquée de deux hautes tours et de deux clochers, et qui montrait avec orgueil ses vingt-quatre chapelles intérieures et son magnifique chœur orné de quatre-vingt-dix stalles parfaitement travaillées.

Les cloîtres occupaient le dehors ; ils contenaient douze maisons canoniales fort spacieuses, avec leurs cours et leurs jardins. C’est là que nos rois, et quelquefois les souverains Pontifes, aimaient à venir recevoir l’hospitalité. La liste de ces nobles hôtes serait longue, je me contente de rappeler le souvenir des papes Innocent IV et Clément IV.

Outre ces maisons, les Perpétuels et les autres chapelains avaient seize maisons, avec leurs cours et leurs jardins. On y voyait aussi un grand bâtiment qui fut autrefois le réfectoire, et l’école où l’on instruisait les enfants de chœur ; et comme le chapitre avait droit de justice, on y voyait aussi un prétoire et les maisons de la prévôté et des prisons. Enfin, on y avait élevé un hôpital pour les passants.

C’est de cette situation si belle, si forte, que s’empara le baron des Adrets. Il passa, sans la voir, devant la maison modeste des humbles frères Minimes pour aller saccager la riche collégiale et les cloîtres de Saint-Just. On n’y laissa pas pierre sur pierre ; le procès-verbal dressé plus tard, après cette horrible démolition, estime la seule perte des matériaux à 450.000 livres.

Quand la tourmente fut passée, religieux Minimes et chanoines de Saint-Just revinrent sur la colline, et c’est alors que commence une singulière histoire.

En venant s’établir à la croix de Colle, les religieux se trouvaient sur les terres du chapitre, et il faudrait être étranger à toutes les idées qui régissent cette époque pour ne pas comprendre avec quel soin jaloux les chanoines sauvegardèrent leur autorité et leur juridiction. Ils ne firent aucune démarche pour empêcher l’établis-