Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
420
LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Qu’était cette communauté ? L’ignorance religieuse et le relâchement des mœurs étaient tels à cette malheureuse époque, que l’évangélisation des peuples s’imposait comme une nécessité de premier ordre. Mgr Camille de Neuville, archevêque de Lyon, le comprit, et avant l’apparition des Lazaristes, il favorisa de tout son pouvoir quelques prêtres zélés qui s’étaient groupés pour se livrer au ministère de la prédication. Dès 1630, messire Antoine Roussier, de Saint-Étienne-de-Furan, prêtre d’une vertu éminente, commença à prêcher et à catéchiser. Plus tard M. Antoine Journet d’Ariane et Jean Brias de Saint-Étienne s’associèrent au premier. La communauté fut modeste, mais on s’y intéressa bien vite. M. Floris Bruyas, curé de Saint-Héand-en-Forez et archiprêtre de Jarez, après avoir longtemps vaqué en personne aux dites missions, fit en deux fois une donation de 18.000 livres. M. Étienne Bouquin, curé de Saint-Ennemond, à Saint-Chamond, donna 3.600 livres. Et ces dons furent suivis de bien d’autres. L’archevêque leur donna la cure et l’église paroissiale de Saint-Michel de Lyon, et la chapelle ou ermitage du mont d’Izore [près Montbrison], en Forez. Cette communauté était trop semblable à celle des Lazaristes pour ne pas lui nuire si elle en restait séparée, pour ne pas augmenter la somme du bien si elle lui était unie. Ainsi le comprirent les membres de la communauté de Saint-Michel, et l’acte d’union des communautés, et ensemble de désunion de la cure de Saint-Michel, est daté du 12 novembre 1669.

Les prêtres de la Mission ne restèrent pas longtemps dans leur premier local. En 1673, ils achetaient, au prix de 83.000 livres, la propriété Montangle, qui appartenait à Paul Mascaranni.

Les Mascaranni étaient une noble et puissante famille originaire des Grisons. Paul Mascaranni est le premier qui soit venu à Lyon, en 1580, attiré par MM. de Gondi. Il épousa Françoise de Poulaillon, dont il eut cinq enfants, Alexandre, Paul, Barthélémy, François et Dorothée. C’est un Mascaranni qui, prévôt des marchands, fit, en 1643, le vœu de Lyon à Notre-Dame de Fourvière. C’est d’un Paul Mascaranni, qui avait épousé une dame Pelot, et qui fut prévôt des marchands en 1670, que les Lazaristes-