Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

et juste reproche : « C’est ce que vous faites maintenant qui peut s’appeler manger des hommes. Pour nous, non seulement nous ne mangeons point de chair humaine, mais nous évitons encore toute sorte de crime. » On lui demanda ensuite comment Dieu s’appelait. « Dieu, répondit-il, n’a pas de nom, comme nous autres mortels. »

« Blandine et Ponticus, jeune homme d’environ quinze ans, avaient été forcés d’assister aux supplices de leurs frères. Le dernier jour des spectacles amena leur tour. D’abord, on les presse de jurer par les idoles ; les deux martyrs méprisent les faux dieux. Le peuple entre en fureur, et, sur sa demande, sans compassion pour la jeunesse de Ponticus, sans égard pour le sexe de Blandine, on les soumet successivement à des supplices aussi douloureux que variés. On les presse encore de jurer ; ils persistent dans leur refus, et leur constance est soumise à de nouveaux tourments, Enfin Ponticus, encouragé par Blandine qui l’exhortait et le fortifiait, consomma son martyre avec un courage plus grand que ses souffrances.

« Restait Blandine : semblable à une mère généreuse qui, après avoir animé au combat ses enfants, les aurait envoyés victorieux devant elle vers le Roi de gloire, elle se réjouissait d’aller les rejoindre dans les deux. Elle parcourut la même carrière de supplices avec une joie si rayonnante, qu’on l’eût dite appelée à un festin nuptial plutôt que condamnée aux lions. Déjà flagellée par les bourreaux, déchirée par les bêtes, brûlée sur la chaise de fer, elle fut enveloppée dans des réseaux et, en cet état, exposée à un taureau qui, plusieurs fois, la lança violemment dans les airs ; mais, tout entière occupée de l’espérance des biens que sa foi lui promettait, elle n’était pas distraite, par les tourments, de ses entretiens familiers avec Jésus-Christ. Le glaive acheva d’immoler cette innocente victime, et les païens furent forcés d’avouer que jamais ils n’avaient vu une femme souffrir avec tant de constance. La mort des saints ne put assouvir la rage de ces peuples barbares. L’infernal dragon qui l’avait excitée ne la laissa