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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

professeurs furent adjoints aux premiers, et la ville reconnaissante augmenta ses faveurs et ses dons pour les pères enseignants. La prospérité du collège allait grandissant.

Mais un jour cette prospérité s’écroula. Jean Châtel, fils d’un drapier de Paris, et élève du collège de Clermont, s’étant introduit furtivement dans l’appartement de Gabrielle d’Estrées, essaya d’assassiner Henri IV, qu’il blessa à la lèvre. Le jeune assassin fut condamné à mort, mais les Jésuites furent rendus responsables de son crime et expulsés du royaume (1594). Ceux de Lyon se retirèrent à Avignon, et leurs biens furent confisqués. Mais neuf ans plus tard, grâce à l’influence du P. Cotton, jésuite et confesseur d’Henri IV, un édit royal de septembre 1603 les autorisa à rentrer en France. Le 3 juillet de l’année suivante, à la suite d’un nouveau traité avec le Consulat, fort heureux de voir les pères revenir et désireux de voir le collège reprendre son ancien éclat, très diminué pendant leur exil, ils reprenaient possession du collège de la Trinité, avec une allocation de six mille livres.

Après cette reprise de possession, les élèves devinrent si nombreux que les locaux furent jugés insuffisants ; on songea à construire un nouveau collège. Martel Ange, frère jésuite et habile architecte, en rédigea les plans. Le collège actuel remonte à l’année 1607, et l’église à l’année 1617. Vers 1701, le père de Saint-Bonnet, astronome distingué, obtenait du Consulat la construction d’un observatoire ; c’est aussi vers cette époque que se forma cette riche bibliothèque, également remarquable par les ouvrages qui la composent et par le vaisseau qui les renferme.

Cette seconde époque de l’administration des Jésuites fut celle où leur enseignement à Lyon jeta le plus d’éclat. Ils eurent des professeurs remarquables : Antoine Milieu, Pomey, Joubert, humanistes distingués, le P. de la Colombière, le P. de Colonia, le P. Cotton, qui fut confesseur d’Henri IV, le P. de la Chaise, qui fut plus tard confesseur de Louis XIV. Mais le plus étonnant de tous fut sans contredit le P. Ménestrier, dont le portrait est à la grande bibliothèque de la ville, et dont le nom est attaché à cette rue qu’on