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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

à être détruit, ses fonds reviendraient à la confrérie. Ce fut sur les remontrances de Symphorien Champier et par les sages conseils de Claude de Bellièvre que l’établissement du collège de la Trinité fut décidé par le Consulat.

Une fois en possession du terrain, le Consulat s’occupa de la construction des classes et du choix des régents. D’abord le collège ne fut qu’un externat où les écoliers étaient admis moyennant la modique rétribution de deux sols six deniers par mois. Mais, dès 1536, on augmenta le nombre des classes et l’on éleva les bâtiments nécessaires pour la « demeurance des commensaux ». Guillaume Durand, Lyonnais, fut nommé principal du collège, et l’on appela, d’ailleurs des professeurs distingués, Christophe Milieu, Gilbert Ducher, Claude Bigotier. Le plus renommé de tous fut Barthélémy Aneau, de Bourges, qui fut d’abord professeur de rhétorique, et ensuite, par deux fois, principal du collège. Aneau ne tarda pas à se faire en notre ville une large place, par son talent et sa réputation grandissante, mais comme il avait étudié à Bourges sous le fameux professeur Melchior Volmar, qui était un luthérien des plus zélés, sa foi, à tort ou à raison, fut vivement suspectée par ses ennemis, qui n’attendaient qu’une occasion pour le perdre. Cette occasion se présenta en 1561, le jour de la Fête-Dieu : au moment où la procession du Saint-Sacrement passait à l’extrémité de la rue Neuve, un forcené se précipita sur l’officiant, lui arracha des mains l’ostensoir et le foula aux pieds. Le peuple, témoin de cet attentat, entra en fureur, fit prompte justice de ce misérable, puis, excité par cette scène sanglante, il se précipita au collège et massacra l’infortuné principal dont il suspectait les croyances. Le collège fut fermé le lendemain.

Or, en 1560, le cardinal de Tournon avait proposé aux échevins les pères Jésuites pour la direction du collège ; le Consulat avait repoussé cette offre. Après le massacre de Barthélémy Aneau, le cardinal renouvela ses instances, le Consulat renouvela son refus ; il confia la direction du collège à maître André Martin, qui s’établit à Lyon le 15 octobre 1561, mais qui périt victime de la peste de 1565.

On sait quels étaient ces temps troublés ; la guerre religieuse