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LES JACOBINS

terrain longeant la rue Saint-Dominique. En 1720, les désastres financiers, amenés par les opérations de Law, firent suspendre les travaux ; mais, trois ans plus tard, on se remit à l’œuvre avec activité, et c’est alors, comme je l’ai dit, qu’on démembra l’ancien chapitre qui était au milieu du cloître, pour continuer la construction du nouveau monastère. Quand il fut achevé, il fut un des plus beaux couvents de notre ville. Le claustral avait plusieurs issues, l’une sur la place des Jacobins, l’autre sur la rue Saint-Dominique, et une dernière débouchait par une large et belle allée au milieu de l’ancienne rue Belle-Cordière. Il n’est pas nécessaire d’être bien âgé pour se souvenir de ce magnifique cloître des Jacobins, de son immense cour, de ses grandioses proportions. Aujourd’hui tout a disparu.

Le monastère des Jacobins de Lyon n’a pas eu la gloire d’abriter des hommes illustres de premier ordre, mais il fut l’asile d’hommes qui pendant leur vie ne furent pas sans gloire. Les Frères Prêcheurs avaient le droit d’enseigner dans leur maison la philosophie et la théologie ; dès l’origine ils eurent d’excellents maîtres : Humbert de Romans au xiiie siècle, Jean Maheu, Jacques Périer, Jean Faber, au commencement du xve ; Pierre Godechal, envoyé ensuite à Caen, en 1628 ; Jean-Damascène Lubienki, vers 1699 ; Hyacinthe-Amat de Graveson et tant d’autres. Parmi les religieux, citons Hugues de Saint-Cher, une des grandes illustrations des Jacobins de Lyon, qui fut fait cardinal par Innocent IV, et qui eut une part considérable à tout ce qui fut réglé au premier concile œcuménique de Lyon ; Guillaume Perrault, qui fut suffragant de l’archevêque Philippe de Savoie ; Hugues Seguin, dont nous avons déjà prononcé le nom, qui fut créé cardinal par Nicolas IV ; le P. Batalier qui travailla avec Julien Macho, ermite de Saint-Augustin, à donner une bonne édition de la Légende dorée ; Santé Pagnini, le docte hébraïsant qui mérita, pour sa traduction de la Bible, les encouragements de Léon X.

Ce couvent fut le témoin d’événements historiques assez importants pour que nous en disions un mot. C’est là que le 7 août 1316, Jean XXII fut élevé au souverain Pontificat. Après la mort du pape Clément V, les cardinaux assemblés à Carpentras n’ayant pu, dans