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SAINTE-ÉLISABETH

aux épousés du Seigneur, offrit de retirer cinq religieuses dans son château dé Verjon, près de Coligny. Ce projet fut agréé des supérieurs, et le Ier septembre eut lieu l’installation de la petite colonie religieuse. Deux ans plus tard (1661), le marquis et la marquise, couronnant leurs libéralités par une libéralité plus insigne encore, leur firent une donation de trente mille livres pour être employées à un établissement ; on essaya d’abord de le vouloir fonder à Montluel, puis on se tourna du côté de Lyon ; mais, malgré tout son empressement, ce digne gentilhomme ne put voir réaliser son dessein, il mourut en 1664. Sa femme, la marquise de Coligny, n’épargna ni ses soins, ni ses prières, ni ses biens pour obtenir les permissions nécessaires, mais les esprits étaient si mal tournés et les obstacles si nombreux qu’il semblait impossible de mener à bien ce pieux projet. Néanmoins l’énergique persévérance de la marquise parvint à triompher des difficultés, et, en 1665, elle installa les religieuses dans une belle maison qu’elle leur avait achetée sur la balme de Saint-Clair.

Cette communauté naissante jouit pendant quelque temps d’une très grande paix. On y reçut d’abord un grand nombre de prétendantes, et l’on y pratiqua tous les exercices de la vie régulière. Cette tranquille prospérité dura trois ans, mais, en 1668, les religieuses de Mme de Coligny ou les Colinettes, eurent à subir une terrible épreuve.

Les missionnaires de Saint-Joseph, que nous connaîtrons plus tard, avaient été, eux aussi, l’objet des libéralités du marquis et de la marquise de Coligny. Se considérant comme plus utiles que les religieuses de Sainte-Élisabeth, qui avaient déjà deux couvents dans la ville, ils voulurent être plus favorisés. Ils essayèrent de faire casser la donation de Mme de Coligny et intentèrent un procès aux religieuses. On obligea les parents à retirer leurs filles qui étaient encore novices, on leur persuada que le roi détruirait cette maison, et l’on fit saisir les revenus comme appartenant à la donatrice ; de part et d’autre on publia des factums, l’affaire tournait au scandale. Mais enfin, après trois ans de désarroi, les sœurs