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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

d’un rare mérite, qui jouissait d’un grand crédit auprès de l’archevêque, Mgr Camille de Neuville, et même auprès de la reine. Grâce à ces hautes protections, elle obtint la permission de fonder un second monastère pour suppléer à l’insuffisance de celui de Bellecour, qui ne pouvait plus recevoir les nombreuses aspirantes à la vie religieuse dans le tiers ordre de Saint-François. Elle installa d’abord la nouvelle communauté près des Minimes, en 1656 ; elle comptait quinze religieuses. Mais bientôt la maison fut trouvée trop étroite, il fallut chercher un nouveau local. Il y avait alors en vente, au faubourg de Vaise, près de l’Observance, la maison des Deux-Amants ; on l’acheta, et, le 10 janvier 1657, le second monastère de Sainte-Élisabeth était installé, et l’union la plus intime ne cessa de régner avec le premier.

La maison des Deux-Amants était bâtie à neuf, ornée d’un cloître élégant, et fort spacieuse. Elle était située un peu plus loin que la chapelle de l’Observance, et sur le bord de la Saône, à peu près vers le portail de l’école vétérinaire actuelle. La communauté vécut jusqu’à la révolution, et ses biens devinrent biens nationaux. En 1803, on y transféra provisoirement, ce qui prouve une fois de plus que c’est le provisoire qui dure le plus longtemps, l’École vétérinaire, fondée par Bourgelat et installée par lui à la Guillotière. L’habitation des religieuses devint celle des professeurs et des élèves, et l’on prit, pour le reste de l’école, une partie des bâtiments du couvent des Cordeliers de l’Observance, qui était contigu à celui des Deux-Amants ; ce que nous verrons du reste en son lieu.

On se demande tout naturellement d’où peut provenir ce nom des Deux-Amants, nom assez étrange pour un austère couvent de pénitentes. Ce nom a excité les recherches des savants et l’imagination des rêveurs et des romanciers. On a beaucoup écrit, beaucoup raisonné et beaucoup déraisonné sur cette poétique appellation, et l’on n’est pas arrivé à une conclusion satisfaisante. Il y eut là, jusqu’en 1707, un monument dont J. Spon, nous a laissé le dessin et qui ne portait aucune inscription. Le plan en était carré ; sur un vaste socle s’élevaient quatre pilastres qui supportaient un entable-