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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

en quittant l’habit de Saint-François ; mais, en 1791, tous durent abandonner leur antique demeure. Après cinq cent soixante-neuf ans d’existence, la vie monastique au couvent de Saint-Bonaventure n’était plus. En 1793, l’église fut dévastée ; trois ans plus tard le couvent est vendu à un sieur Villette, et l’on ouvre des rues à travers le cloître et les jardins ; les noms des rues Pavie, Champier, Meyssonnier, peintre, dont plusieurs toiles ornaient l’église Saint-Bonaventure, Confalon, Cordeliers, rediront seuls les antiques souvenirs. L’église devient successivement une école d’équitation, une ménagerie de passage, un grenier à foin, une remise de voitures, une halle au blé.

Après la Révolution, les religieux restèrent, on le sait, sous le coup de l’anathème gouvernemental. Le couvent de Saint-Bonaventure ne put être reconstitué, mais l’église devint, en 1803, succursale de Saint-Nizier ; ce n’est qu’en 1807 cependant qu’elle fut rendue au culte, après bien des difficultés avec l’administration de la Légion d’honneur, à qui avait été affecté cet immeuble. En 1827, on prend sur l’église pour construire la cure actuelle, ce qui était regrettable au point de vue de l’art[1]. En 1831 et en 1834, des troubles populaires ont encore lieu, et les Cordeliers sont le quartier général de l’insurrection ; on tira même des coups de fusil dans l’église. Enfin, en 1874, la ville de Lyon s’ébranle pour assister à des solennités nouvelles, au sixième centenaire de la mort de saint Bonaventure : les évêques sont convoqués, ils viennent, ils prêchent, des congrégations officient, l’église semble revenue à ses beaux jours.

Deux religieux des Cordeliers, sous le titre d’évêque de Damas, furent suffragants de Lyon : le docteur Jean Bouthéon, sous le car-

  1. Au point de vue de l’art aussi, on ne pouvait que gémir en voyant toutes ces échoppes qui entouraient l’église. Mais, d’autre part, il ne fallait pas trop s’étonner d’y trouver l’étrange collection de savetiers qu’on y rencontrait ; le fait nous indique la force des traditions locales. Jadis les savetiers de la ville de Lyon avaient, de temps immémorial, la liberté d’étaler leurs marchandises sur le pont de Saône et dans les rues voisines. Mais, en 1603, ils durent se retirer sur la place des Cordeliers, avec défense d’étaler et de vendre ailleurs. La transformation de ce quartier a fait disparaître tous ces inconvénients.