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LES CORDELIERS

zèle admirable, et plusieurs périrent victimes de leur dévouement ; en ce temps-là les moines étaient donc encore bons à quelque chose.

Sur la place des Cordeliers, qui fut d’abord le cimetière des religieux, et qui fut, en 1557, cédé aux échevins moyennant une rente annuelle de cent livres, s’élevait une croix. Au pied de cette croix, deux fois pendant la peste, vint s’agenouiller le chapitre de Saint-Nizier. En 1748, une fort belle croix de pierre remplaça l’ancienne qui tombait de vétusté. En 1765, une grande colonne cannelée remplaça la croix et, en 1768, on plaçait au sommet une colossale statue d’Uranie, due à Clément Jayet ; le doigt de la déesse indiquait la méridienne de Lyon. Dans le soubassement de la colonne, on pratiqua une fontaine qui alimentait le quartier. Autrefois cette place était le rendez-vous des marchands de volailles et des rouliers ; aujourd’hui c’est un des endroits les plus riches et les plus coquets de la ville.

L’existence des Cordeliers fut assez paisible après la dernière de ces dates terribles (1628), c’est un siècle et demi dévie tranquille ; mais la fin du dix-huitième siècle allait changer la face des choses. En 1789, Louis XVI convoquait les États généraux, mais avant les solennelles assises de Paris, des assemblées provinciales furent tenues par le clergé, la noblesse et le peuple. À Lyon, les trois ordres se réunirent aux Cordeliers : le clergé au Confalon, la noblesse au Concert, grande et belle maison qui bornait la place des Cordeliers au levant et qui n’a disparu que depuis une quarantaine d’années, le tiers-état dans l’église, où se tinrent aussi les assemblées générales. Le 14 mars, pour ne signaler qu’un fait en passant, un jeune noble se lève, et, au nom de la noblesse, fait abandon de tous ses privilèges ; le clergé imite cet exemple, et alors se passe une scène d’enthousiasme qui ne sera qu’imitée dans la fameuse nuit du 4 août à l’Assemblée constituante. Les cahiers des états sont rédigés, et à bien des points de vue ils sont remarquables.

Mais voici la Terreur. Lorsqu’on eut aboli les vœux monastiques, il y avait aux Cordeliers dix-huit religieux ; quatorze partirent à l’étranger dans d’autres maisons de leur ordre, quatre restèrent