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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

dans les rues de la cité cette insigne relique si particulièrement sauvée.

Mais ces iniquités amenèrent d’autres iniquités : au sac de la ville par le baron des Adrets succéda, dix ans plus tard (1572), la Saint-Barthélémy. Il faut soigneusement dégager la religion catholique de ces lâchetés sanglantes ; la politique osa couvrir de ce voile ses atroces vengeances, mais la religion ne se venge pas, et sa cause est séparée de celle des politiques qui voulaient s’en faire un rempart. À cette époque, Messire de Mandelot était gouverneur de Lyon. Pendant cette abominable boucherie, qu’on appela les Vêpres lyonnaises, quelle fut la conduite du gouverneur ? Il fut très probablement un caractère modéré, mais il a été, ainsi que nous l’avons vu, très diversement jugé. Les portes de la ville furent soudain fermées et l’on surprit une foule de protestants ; pour les soustraire aux fureurs du peuple, Mandelot les fit enfermer dans les prisons. Sur ces entrefaites arriva de Paris un courrier royal assurant à Mandelot que la volonté du roi était que tous les hérétiques fussent exécutés sur-le-champ. Mandelot hésitait, mais le courrier royal ayant communiqué les ordres de Paris à la foule, la populace vociférait dans la rue. Mandelot intimidé laissa faire, et aussitôt on courut au meurtre et au pillage. Cette tuerie commença aux Cordeliers, où l’on avait enfermé une partie des protestants ; de là on alla aux Célestins, où l’on massacra tous les hérétiques qu’on y gardait. Les assassins se dirigèrent ensuite vers le palais archiépiscopal, où étaient renfermés trois cents des plus notables protestants, et on les égorgea sans pitié. Après le massacre, « en signe de joie, fut faicte une grande escoppeterie en la place des Cordeliers. » Redisons-le, ni le clergé ni les religieux ne donnèrent les mains à ces horreurs ; tout le secret, toute la honte de cette conduite doit remonter jusqu’à Charles IX, et surtout jusqu’à sa mère Catherine de Médicis.

Après la famine, la guerre et les massacres, la peste apparut à son tour. Plusieurs fois elle ravagea notre ville, mais c’est en 1581-82, et surtout en 1628, que ce fléau fit les plus nombreuses victimes. Les religieux Cordeliers, dans ces jours néfastes, montrèrent un