Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
LES CORDELIERS

rendez-vous fut encore le couvent de Saint-Bonaventure. Le plan de Broquin fut adopté, et l’Aumône générale, ou l’hôpital général de la Charité, fut fondée. Le cardinal de Marquemont, et après lui tous nos archevêques, Mgr d’Halincourt, gouverneur, tous les notables de la Cité, se feront un devoir d’y cacher leurs bienfaits, et dans la suite, comme aujourd’hui, un des plus beaux titres de gloire d’un citoyen sera d’avoir été recteur ou administrateur de l’Aumône générale.

Quelques années plus tard (1562), Lyon est pris par des bandes de protestants, à la tête desquels se trouve le farouche baron des Adrets. Pendant qu’ils s’emparent de Saint-Nizier et de l’hôtel de ville, le couvent des Cordeliers est mis au pillage. Les religieux avaient eu le temps d’enterrer le corps et le chef de saint Bonaventure, d’enlever l’or et les pierres précieuses des châsses des saints, de faire disparaître les calices et les ciboires d’or et d’argent, puis ils s’étaient dispersés. Le gardien, le P. Gaïette, était resté cependant pour tenir tête à l’orage. Quel terrible temps ! Le mur de la chapelle de Saint-Nicolas est renversé par les hérétiques, afin de faire passer leur artillerie par le travers de l’église ; les autels sont renversés, les statues brisées, les tableaux déchirés ; puis on se met en chasse pour trouver les reliques, on bêche tous les coins, on sonde tous les murs. Les recherches eurent du succès : les protestants trouvèrent des reliques, entre autres le corps de saint Bonaventure, qu’ils brûlèrent sur la place des Cordeliers et dont ils jetèrent les cendres au Rhône. Le P. Gaïette fut saisi, et avec lui un officier appelé Béguin, et, sous prétexte de les conduire à la prison de Roanne, de l’autre côté de la Saône, on les emmena ; on les assassina sur le milieu du pont et leurs corps furent jetés à la rivière. Lorsqu’en 1564, les protestants furent obligés de rentrer sous l’autorité royale, les Cordeliers revinrent à leur couvent. Leur premier soin fut, non pas de constater les dégâts de la guerre et de l’incendie, mais de chercher les châsses qu’ils avaient enfouies. Qu’on juge de leur bonheur ! S’ils n’avaient plus le corps, du moins ils retrouvèrent le chef de saint Bonaventure, et une procession solennelle promena