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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

peintres lyonnais. L’orgueilleux maréchal, blessé d’un refus de son ami et de son roi, s’était laissé aller, avec la Savoie et l’Espagne, à des intrigues criminelles contre son souverain. Le complot fut découvert à Lyon, et le maréchal, qui aimait Henri IV, fit l’aveu de son crime et protesta de son inaltérable fidélité. « Bien, maréchal, lui dit le roi, ne te souvienne de Bourg, ne me souviendrai du passé. » Deux ans après, le pauvre maréchal, oublieux de ses promesses et doublement félon, avait la tête tranchée dans la cour de la Bastille.

C’est, en 1658, Anne d’Autriche, la mère de Louis XIV, qui deux fois vient au couvent des Cordeliers. C’est Marie-Thérèse d’Autriche, c’est la princesse Marie-Anne de Wurtemberg, ce sont le prince et la princesse de Modène, ce sont des prélats, des maréchaux, des seigneurs. Les Cordeliers sont en faveur parmi le peuple et chez les grands.

Nous allons voir maintenant se dérouler des faits historiques d’un autre genre. Le premier à signaler, c’est la fameuse Rebeyne de 1529. À cette époque, la misère était grande et le pain même manquait. Et voici que François Ier ordonna d’achever les fortifications de la Croix-Rousse. Pour subvenir à cette dépense, il fallut songer à un impôt. Imposer le blé, dans l’état de détresse où l’on se trouvait, parut impopulaire ; on établit un léger impôt sur le vin. Grand émoi dans la cité ; les taverniers excitent à la révolte, et des placards, signés Le pauvre, sont affichés partout et convoquent les citoyens sur la place des Cordeliers. Le 25 avril, on brise les portes du couvent et l’on se met à sonner un effroyable tocsin ; tout le populaire est en mouvement, il saccage et pille les maisons prochaines, desquelles fut celle de Symphorien Champier, qui n’échappa à la mort que par une fuite précipitée.

Puisque ce nom de Champier vient sous ma plume, pourquoi ne pas faire connaître le personnage qui le portait ? Aussi bien ce ne sera pas quitter Saint-Bonaventure, dont il fut un des bienfaiteurs, et cette rapide esquisse ne sera peut-être pas inutile pour mieux comprendre la Rebeyne.

Médecin distingué, conseiller de la ville, écrivain presque uni-