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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

tion à Notre-Dame de Délivrance, qui n’est plus et qu’on devrait faire revivre. Saint Antoine de Padoue eut une chapelle dès 1388, c’est la seule de l’église qui n’ait pas changé de nom. Il était invoqué pour qu’il daignât étendre sa protection sur celui qui le priait, et en particulier sur sa prospérité commerciale et financière. De là naquit un abus qu’on eut bien de la peine à détruire. Autrefois les loteries étaient en vogue, et bien des joueurs et bien des joueuses venaient vers le saint pour lui demander sa protection dans cette grande affaire. La manière employée pour attirer son assistance était au moins fort originale : on offrait un cierge à saint Antoine de Padoue et on le criblait de petites épingles ; dès lors le saint devait faire sortir les combinaisons rêvées. Notre-Dame de Délivrance était fêtée par les jeunes femmes et les jeunes mères qui venaient y consacrer les langes destinés à emmailloter l’enfant qu’elles attendaient ; la douce et pure vierge de Bethléem présidait à ces ineffables mystères de famille, et les huit jours qui précédaient Noël étaient solennellement fêtés.

Notre couvent des Cordeliers, sans parler de plusieurs congrégations générales de la province de Bourgogne, appelée plus tard province de Saint-Bonaventure, fut le lieu de réunion de cinq assemblées de l’ordre entier des Frères Mineurs : la première fut tenue par saint Bonaventure, en 1274 ; la seconde, en 1299, sous Jean de Muro ; la troisième, en 1328, dans laquelle fut élu Gérard Odon ; la quatrième, en 1518, sous Christophe Numaïus ; la cinquième, en 1531, sous le généralat de Guillaume Farinier, qui devint cardinal.

Il fut aussi plusieurs fois honoré de la visite des grands et des puissants de ce monde. C’est le prince d’Orléans qui, après vingt-cinq ans de captivité en Angleterre après la bataille d’Azincourt, vient, quand il est rendu à la liberté, remercier le fils de saint François qu’il a invoqué dans une maladie violente, aux jours de ses malheurs. Ce sont Louis XI et le bon René, comte de Provence et roi de Sicile ; de vieux auteurs et, en particulier, Du Haillan, disent : « René fit donation au Roi du comté de Provence ; le contrat en fut passé aux Cordeliers de Lyon. » Ce n’est pas exact, dit très bien le