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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

vée et, dès 1216, des fils du grand patriarche sont installés à Villefranche par Guichard IV, sire de Beaujeu ; Lyon ne pouvait tarder à leur ouvrir ses portes. Humbert de Grolée, sénéchal de Lyon en 1220, obtint deux religieux de Villefranche, leur donna l’hôtel qui portait son nom avec ses magnifiques dépendances, fit bâtir une partie de leur couvent, qui fut continué par son petit-fils, Jacques de Grolée, et par les libéralités des citoyens. Cet hôtel avait une étendue considérable ; du port du Rhône au nord jusqu’au port Charlet, on comptait cent quatre-vingts pas de longueur et cent quarante-cinq pas de largeur. Une petite église fut élevée près du port Charlet, une salle de chapitre, un réfectoire et un beau cloître ; les cellules étaient au-dessus de la salle du chapitre et du réfectoire. Ce qui restait de ce vaste emplacement fut approprié ce en un beau verger et spacieux jardins, le tout enfermé et fermé de longues et larges murailles. » Tel fut le premier couvent. C’est un commencement royal ; le seigneur de Grolée lui donne une portion de son immense fortune ; plus tard, Étienne Dorient lui cède la seigneurie de Francheville et d’Irigny, que les religieux posséderont jusqu’en 1501 ; les incertitudes de l’avenir sont conjurées.

C’est dans ce premier couvent qu’habita et mourut le cardinal saint Bonaventure. Bonaventure ! un des plus grands noms de l’histoire de l’Église, un des plus grands docteurs, le plus grand peut-être si saint Thomas d’Aquin n’avait pas été une colonne de la chrétienté, comme l’appela Grégoire X. Envoyé par ce pontife au second concile général de Lyon, convoqué pour la réunion des Grecs et des Latins, Bonaventure tomba malade à la fin de la quatrième session. Il reçut l’extrême-onction des mains du Souverain Pontife lui-même, et mourut le 14 juillet 1274. C’est dans cette première église qu’il fut inhumé en présence d’un pape, de cinq cents évêques, du roi d’Aragon, des ambassadeurs de France, d’Angleterre, de Sicile, des ambassadeurs grecs et tartares ; jamais homme n’eut de plus belles funérailles. La chambre où il mourut existe encore, quai de Retz, 57.

Mais la première église ne put longtemps suffire au concours des fidèles, il fallut songer à l’agrandir ou à la remplacer. Jacques de