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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Jean Bernardon, qui plus tard sera le patriarche d’une famille religieuse considérable et qui sera vénéré dans l’église sous le nom de saint François, naquit à Assise, dans l’Ombrie, en 1182. Fils d’un riche marchand, il sut bien jeune la langue française, d’où lui vint son surnom qu’il garda toujours. Sans être libertin, il aimait cependant les divertissements et les plaisirs ; doux, honnête, libéral, généreux, il possédait tout ce qui donne des succès dans le monde. Mais Dieu, qui le voulait à son service, lui envoya une maladie violente et en même temps de célestes inspirations. Revenu a la santé et éclairé d’en haut, François quitta son père irrité d’une telle résolution, et se retira dans une caverne, où il demeura pendant quarante jours dans le jeûne et dans les larmes ; puis il revint à Assise dans un équipage si différent de son premier état qu’on le regarda comme un fou. Là, il se consacra à la restauration des églises de Saint-Damien, de Saint-Pierre et de Notre-Dame-des-Anges. Le lieu où se trouvait cette dernière s’appelait la Portioncule, ainsi nommé parce qu’il faisait une petite partie (portiuncula) du bien que possédaient les Bénédictins du mont Soubaze. Ce lieu fut si agréable à saint François qu’il y fixa sa demeure et y jeta dans la suite les fondements de son ordre.

Il allait vêtu d’un habit d’ermite, serré par une ceinture de cuir, qu’il quitta deux ans après pour la remplacer par une corde. Il prêchait la pénitence, et quelques-uns de ses auditeurs s’attachèrent à lui. Le premier de ses disciples fut Bernard de Quintavalle, riche bourgeois d’Assise, qui vendit tous ses biens, les distribua aux pauvres et associa sa vie à celle de notre saint : c’était le 16 mai 1209, et c’est à ce temps-là qu’on rapporte l’origine de l’ordre des Mineurs. Le même jour en effet Pierre de Catane, chanoine d’Assise, imita Bernard de Quintavalle, et sept jours après Gilles d’Assise se joignait à eux. Les fondements étaient jetés, l’édifice allait grandir.

En 1210, saint François donna sa règle qu’approuva le pape Innocent III, et plus solennellement encore le concile de Latran, en 1215. La pauvreté y était ordonnée dans toute sa rigueur ; tout maniement d’argent, soit par soi-même, soit par une personne tierce,