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COMMANDERIE DE SAINT-GEORGES

générale, en demandant à voix haute et trois fois de suite si les religieux étaient disposés à l’accepter. Après la proclamation, le nouveau Grand-Maître allait prendre place sous un dais, prêtait serment, faisait chanter un Te Deum, recevait l’obédience de tous les membres de l’ordre et se rendait solennellement à son palais.

J’aurais voulu donner une idée des imposantes cérémonies de la profession, mais il faut se borner ; je n’ajoute que quelques détails à propos du costume. Tous les chevaliers, de quelque rang, qualité ou dignité qu’ils fussent, étaient obligés après leur profession de porter sur leur manteau ou sur leur justaucorps, du côté gauche, la croix de toile blanche à huit pointes, qui était le véritable habit de l’ordre ; la croix d’or n’était qu’un ornement extérieur. Lorsque les chevaliers allaient combattre les infidèles, ou lorsqu’ils étaient en caravane, ils portaient sur leurs habits une casaque rouge en forme de dalmatique, ornée par-devant et par derrière d’une grande croix blanche pleine. À l’église, les chevaliers grand’croix avaient une grande robe noire, avec le grand cordon de l’ordre et l’épée au côté. Les Frères chapelains, allant par la ville, étaient vêtus comme les ecclésiastiques, à la différence près qu’ils portaient la croix de l’ordre sur leur soutane et sur leur manteau ; à l’église, ils avaient un rochet et un camail noir, où était aussi la croix de l’ordre ; ceux qui résidaient à Malte portaient le camail violet.

Il y a eu soixante-huit Grands-Maîtres de l’ordre, dont deux ont été cardinaux, Pierre d’Aubusson et Hugues de Loubeux de Verdale. Urbain VIII, en donnant le titre d’Éminence aux cardinaux, le donna aussi aux Grands-Maîtres de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Les résidents de cet ordre auprès des têtes couronnées prenaient la qualité d’ambassadeur, et celui qui était à Rome ajoutait à cette qualité celle de procureur général en cour de Rome.

N’oublions pas que ces ordres militaires, nés des besoins du temps, rendirent pendant plusieurs siècles d’immenses services à l’Europe, qu’ils protégèrent, et aux pauvres de J.-C. (pauperes Christi), dont ils se firent les serviteurs. Quand l’heure des combats avait sonné, ils sortaient l’épée du fourreau et combattaient sans reproche et sans