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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Commanderie d’un plus grand revenu que celle que l’on quittait et où l’on avait fait des réparations considérables. L’ancienneté se comptait du jour de la réception ; mais il fallait aussi, quand on aspirait à une Commanderie, réunir d’autres conditions : cinq années de résidence près du Grand-Maître de l’Ordre, et quatre caravanes. Ces caravanes étaient des voyages à la mer, que les Chevaliers devaient faire eux-mêmes. Les Commanderies de grâce étaient celles qui étaient données par le Grand-Maître ou par les Grands-Prieurs, en vertu d’un droit qui appartenait à leur dignité, et ils en donnaient Une de cinq en cinq ans à tel frère qu’il leur plaisait.

Un mot maintenant de l’élection du Grand-Maître. Le mode assez bizarre suivi pour cette élection solennelle montre combien l’ordre entier était jaloux de maintenir une égalité parfaite entre tous les religieux et d’écarter les intrigues que l’ingérence de quelques-uns et l’influence des princes étrangers auraient pu susciter. Trois jours s’étaient à peine écoulés depuis la mort d’un Grand-Maître qu’on procédait au choix de son successeur. On empêchait par cette rapidité les partis de se former. Toutes les langues se rassemblaient dans l’église de Saint-Jean, à l’exception de celle à laquelle appartenait le lieutenant du magistère qui devait provisoirement présider les séances. Chaque langue choisissait trois électeurs ; le premier vote donnait pour résultat la nomination de vingt-quatre élus auxquels était remis le droit de l’élection. Après avoir prêté serment entre les mains du lieutenant, ces vingt-quatre électeurs prenaient parmi eux un nouveau président et procédaient à la nomination du triumvirat, c’est-à-dire d’un chevalier, d’un prêtre chapelain et d’un frère servant, auxquels ils abandonnaient à leur tour le droit de voter. Les trois nouveaux élus prêtaient encore serment et en élisaient treize autres successivement par un vote particulier auquel prenait part le dernier élu. Réunis ainsi au nombre de seize, ce qui faisait deux représentants pour chaque langue, ils ballottaient entre eux définitivement un ou plusieurs candidats pour la dignité de Grand-Maître, et celui qui obtenait le plus grand nombre de suffrages était proclamé par le chevalier de l’élection, qui faisait ratifier la nomination à l’assemblée