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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

As-tu fait le serment ? — Non.

Le feras-tu ? — Non.

Pourquoi ? — Parce qu’il est contraire à mes vœux.

Te regardes-tu toujours comme religieuse ? — Oui, parce que j’ai fait mes vœux pour ma vie.

Qu’as-tu fait pendant le siège ? — Étant morte au monde, je ne me mêlais pas de ce qui s’y passait.

Qui est-ce qui te nourrissait ? — Je travaillais pour vivre, laissant ma pension à la nation.

As-tu regardé le roi comme un gueux, un scélérat et un despote ? — Non, je l’ai regardé comme mon roi et mon prince.

As-tu un crucifix ? — Non.

Qu’en as-tu fait ? — Je l’ai laissé dans ma chambre.

Donne-moi ton crucifié, ton fouetté.

À cela je leur répondis : Non, je n’en ai point, et si j’en avais un, crois-tu que je te le donnerais ? Non, parce que j’appartiens à Jésus crucifié et je m’en fais gloire. — Ils me firent la lecture de leurs demandes et de mes réponses en me disant : Veux-tu signer ? — Je répondis oui, et m’efforçai de signer avec un air de joie, en riant, et ils se dirent : Qu’elle est courageuse ! — Nos interrogations ont été toutes à peu près les mêmes.

Quand la Révolution eut chassé les religieuses de leurs maisons, on fit de la maison des Clarisses un dépôt d’artillerie, et lorsque, en 1804, le ministère de la guerre abandonna les bâtiments et dépendances de l’arsenal à la ville de Lyon, les effets de l’artillerie placés à l’arsenal furent transportés dans le ci-devant claustral des religieuses de Sainte-Claire.

Les Clarisses sont revenues à Lyon en 1806 et s’établirent dans la rue Sala, où elles sont encore. La règle a toujours la même austérité : le grand office romain est de stricte obligation, ainsi que l’assistance au chœur tant de nuit que de jour ; la nourriture est toujours quadragésimale, le jeûne est de toutes les saisons ; la couche n’est qu’une simple paillasse et un oreiller.

Pour le costume, c’est un vêtement en forme de sac en drap de