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LES CLARISSES

mes et d’ignominies, assez de preuves d’alliance entre l’autorité et l’émeute pour rendre croyables ces dernières paroles : « C’est ainsi que la force publique était devenue une trahison publique. »

Des scènes semblables eurent lieu vers l’église des Pénitentes, aujourd’hui Saint-François, vers les églises des Collinettes, de la Déserte, de la Propagation, des Ursulines de Saint-Just et de la rue Vieille-Monnaie, de l’Antiquaille, du Bon-Basteur, du Verbe-Incarné, des missionnaires de Saint-Joseph, des capucins du Petit-Forez ; nous n’y reviendrons pas. Partout l’autorité fut inactive, partout les bourreaux restèrent impunis.

Les rigueurs de la municipalité retombèrent sur les victimes. La tranquillité publique avait été troublée par les jacobins, ne fallait-il pas que les catholiques en fussent responsables ? Ne fallait-il pas que leur culte, autorisé par la loi non moins assurément que celui des protestants et des israélites, subît toute la rigueur que l’on réserverait à un culte proscrit. C’était aux abords des églises catholiques que des scènes scandaleuses et horribles s’étaient passées ; les auteurs de pareilles scènes étaient des jacobins, ils avaient foulé aux pieds le droit et la loi ; le droit et la loi méconnus demandaient une répression. Il y en eut une en effet ; il fut décidé que les églises ou chapelles, encore ouvertes aux catholiques, seraient désormais fermées.

Ces scènes de boue et de sang se sont répétées en maints autres endroits de Lyon. Si nous les avons ici plus longuement décrites, c’est pour n’avoir pas à y revenir et à nous répéter.

Pendant les mauvais jours, les Clarisses eurent à subir des arrestations, des comparutions devant les tribunaux révolutionnaires, des emprisonnements. Nous avons une lettre datée de 2 mars 1818, écrite par la sœur Marie de Saint-Gabriel Cleire, alors abbesse des religieuses de Sainte-Claire de Lyon. Elle est adressée à l’abbé Caille à qui cette religieuse communique l’interrogatoire qu’elle subit devant la commission temporaire.

Elle comparaît accompagnée de deux soldats le sabre nu à la main :

Qui es-tu ? — Je suis religieuse de Sainte-Claire.