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LES CLARISSES

dans le caveau de l’église de Sainte-Claire. Quand la maison fut visitée, le 8 janvier 1791, par Chalier, Pressavin, Champagneux et autres officiers municipaux, les religieuses étaient au nombre de trente-cinq ; elles déclarèrent vouloir continuer la vie commune, sauf quatre qui désirèrent aller dans une autre maison.

Nous ne parlons pas dans ces courts récits de l’impiété révolutionnaire et des scènes sauvages qu’elle suscita dans ces jours néfastes. Toutefois il nous semble intéressant de consigner ici le témoignage important et indigné de Camille Jordan, sur certains faits dont il fut le témoin. J’emprunte ce récit au livre de M. le chanoine Durieux : Tableau historique du diocèse de Lyon pendant la persécution religieuse de la grande Révolution française :

Des hommes infimes, des êtres sans honneur se portaient devant les quelques églises encore ouvertes aux catholiques. On les voyait surtout aux abords des églises de Saint-Charles, de la Déserte, des Carmélites et des Clarisses. Ils étaient là debout, le regard sinistre, armés de cordes et de pierres, et prêts à maltraiter les fidèles qui venaient dans le saint lieu. Aussi lâches qu’impudents, ils s’acharnaient surtout contre les femmes, les accablaient d’insultes grossières, les menaçaient de les saisir, de les lier et de leur faire subir un supplice qui révolte la pudeur.

Les parvis des églises que nous venons de citer furent témoins de scènes violentes et brutales. Ces excès furent renouvelés pendant les dimanches et les fêtes prescrites par l’Église, jusqu’à la fin du carême de l’année 1792. Toutefois ils cessèrent en grande partie au commencement de la semaine sainte. Le jeudi, le vendredi et le samedi saints, les catholiques eurent la liberté de se rendre dans leurs églises. Mais ce calme cachait un complot.

En effet, le jour de Pâques, 8 avril 1792, une scène atroce se passa dans la rue des religieuses de Sainte-Claire ; le témoin qui en parle, Camille Jordan, ne put contenir son indignation :

Un énorme attentat, dit-il, vient d’être commis contre la loi et l’humanité ; on a violé indignement contre le culte catholique la liberté promise à tous les cultes. Des êtres sans caractère pour répri-