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LES CLARISSES

le couvent de Sainte-Claire de Lyon qui, par les artifices de ceux qui le gouvernent, s’est toujours maintenu dans une exemption si singulière et plus suspecte ; enfin, lorsqu’ils ont su, à n’en pouvoir douter, que j’avais des preuves en main pour les couvrir de confusion et votre ordre dans leurs personnes, ils crurent en conséquence ne pouvoir rien faire de mieux, pour prévenir l’orage, que d’abdiquer toute juridiction sur ces filles.

« Dans cet état des choses, mon Révérend Père, quelle autre puissance que la mienne pouvait offrir à ces filles les secours spirituels que l’abandon où elles étaient leur rendait nécessaires ? Cependant mes offres ont été rejetées avec indignation, et j’ai eu la douceur de voir ces filles d’une si grande réputation de sainteté préférer l’observation d’un vœu mal entendu aux pratiques les plus essentielles du christianisme, se soucier peu d’entendre la messe, et passer sans remords, pour ainsi dire en triomphant, les plus saints temps de l’année, celui même de Pâques, sans approcher des sacrements. Je m’attendais du moins que j’aurais de la part du Chapitre général quelque consolation ; bien loin de là, je n’entends parler que d’anathèmes contre ceux qui seconderont mes désirs.

« Un père Gravois a l’audace de décider, dans une lettre que j’ai lue, que les absolutions qu’on avait reçues par d’autres que par des Récollets étaient nulles et illusoires, et que tous nos docteurs français et nos plus savantes Facultés qui décideraient le contraire étaient des ignorants ; ce n’est pas tout, quelques-uns de vos religieux, après avoir abusé de la crédulité de ces filles, au point de leur persuader qu’aucune puissance sur la terre, pas même celle du souverain Pontife, ne pouvait les obliger à s’adresser à d’autres qu’à des Récollets pour leurs besoins spirituels, craignant sans doute pour le succès de leur impudente lettre, ils ont eu l’effrayante témérité de faire jurer ces filles devant le Saint-Sacrement qu’elles y conformeraient leur conduite.

« Vous frémissez avec moi, mon Révérend Père, d’entendre de pareilles profanations. Le roi a interposé son autorité, et elle aurait été méprisée si l’on n’avait appréhendé la contrainte, dont on a