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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

premier à seconder la vente d’une maison qui produira un prix considérable et se retirer loin des villes dans une des paisibles retraites de son ordre. »

Le ton seul de cet article, sans parler du sophisme niais qu’on renouvelle contre le clergé à toutes les heures troublées, indique assez qu’il fut écrit la veille de la tempête qui emporta dans sa fureur tous les couvents et tous les ordres religieux. En effet il fallut partir, se disperser, se cacher. Je ne sais ce qui arriva de cette apostasie que fait pressentir le Courrier de Lyon, mais ce que je sais, c’est que trois pères chartreux montèrent à Lyon sur l’échafaud révolutionnaire : le premier appartenait à la Chartreuse de Lyon, il était âgé de soixante ans et s’appelait dom Étienne Ballet. Il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 2 janvier 1794, pour avoir refusé de livrer ses lettres de prêtrise. Les deux autres, dom Thomas Liottier et dom Benoît Poncet, appartenaient à la Chartreuse de Montmerle ; ils furent condamnés et exécutés le 5 avril 1794.

Il y avait, ai-je dit, à cette époque, dans le clos des Chartreux, les marbres qui devaient servir à la construction de la façade de l’église ; ces marbres disparurent. La tradition rapporte encore que les Pères, comprenant ce qui les attendait, avaient caché dans des sacs ce qu’ils avaient de plus précieux, en mettant par-dessus ces richesses du riblon et du vieux fer. Ils furent remis à un homme de confiance pour être transportés en Suisse. Après la Terreur, les Pères réclamèrent leur dépôt, le dépositaire infidèle renvoya des sacs de vieux fers et garda la fortune qui lui avait été confiée. Enfin la populace elle-même ne manqua pas de faire quelques excursions au monastère des Chartreux ; elle laissa surtout des traces de son passage dans l’église, où elle détruisit toutes les fleurs de lis qui l’ornaient et qui n’étaient qu’un souvenir de sa fondation sous le titre de Lys-Saint-Esprit.

Quand la Chartreuse de Lyon fut déserte, tous les biens des monastères furent déclarés biens nationaux et, en 1791, on procédait à la vente des immeubles des anciens religieux. Voici le bref