Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
LES CHARTREUX

par le cardinal de Richelieu, archevêque de Lyon, à son frère le ministre, pour qu’il l’envoyât lui-même au supérieur de la Chartreuse. Le ministre répondit à son frère : « Le moine parlerait si sa règle ne lui en faisait la défense. » Le Père Sautel composa pour ce tableau un huitain qui se terminait ainsi :

Verba daturus erat, sed quam tulit ipse silendi
legem aliis, arctâ relligione tenet.

Il allait parler, mais auteur de la loi du silence,
il l’observe avec un soin religieux.

Est-ce par réminiscence, ou par la même inspiration, que Clément XIV se servit des mêmes expressions pour louer l’œuvre de Houdon ?

On voyait aussi le portrait de dom François Puy, général des Chartreux, docteur célèbre et personnage d’une grande érudition. Il était né à Saint-Bonnet-le-Château, et ce tableau avait été envoyé, en 1698, par M. du Besset, natif du même endroit, à dom Bergoin, prieur.

La Chartreuse de Lyon allait s’agrandissant, mais pas à pas ; une prudente circonspection veillait au développement du monastère, il reste même plusieurs rapports établissant l’insuffisance des revenus pour nourrir le personnel de la Chartreuse. C’est en raison de cette pénurie constatée que le général de l’ordre lui accorda, en 1639, les revenus de la maison de Poletins, qui avait été un couvent de religieuses Chartreusines : ces dames, établies d’abord dans la paroisse deMionnay, en Bresse, en la maison de Poletins, avaient été chassées, en 1592, par les Huguenots, et s’étaient réfugiées à Montluel. Ces revenus sont estimés 16.600 francs. — Les Pères de la Chartreuse de Lyon possédaient aussi à Loyse, près de Mâcon, une propriété dont les revenus sont évalués 10.000 francs.

Le couvent eut encore à traverser de bien mauvaises années. Tout le monde connaît la misère profonde des dernières années du règne de Louis XIV. Ce n’était pas seulement la guerre qui était, cause de ces maux, il semblait que les rigueurs des saisons se fussent