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LES CHARTREUX

tuelle qui se dit chaque jour, puis ils se retirent dans des chapelles particulières pour y célébrer ou servir une messe basse ; le soir, vers les trois heures, une troisième fois la cloche les réunit au chœur pour chanter les vêpres, ordinairement suivies de l’office des morts.

Le jeûne de religion dure de huit à neuf mois par an, et la règle n’accorde pour toute collation le soir que trois ou quatre onces de pain avec un peu de vin. L’abstinence est perpétuelle, et même, en cas de maladie grave, on ne déroge pas à cette loi. Pendant l’Avent et le Carême, on ne mange ni œufs ni laitage, enfin, le vendredi de chaque semaine, on se contente de pain et d’eau, à moins d’avoir des raisons de dispense. Les religieux ne mangent en commun que le dimanche ; les autres jours, ils mangent seuls dans leur cellule. Près de la porte de chacune d’elles se trouve un guichet, muni de deux portillons, l’un extérieur ouvrant sur la galerie du cloître, l’autre intérieur ouvrant en dedans de la cellule. Un frère passe dans le cloître, ouvre le guichet et y dépose le repas ; le religieux qui est dans la cellule ouvre à son tour à l’intérieur le guichet où il trouve le repas déposé : on n’échange pas une parole, on ne se voit même pas.

Cette solitude presque constante est le caractère distinctif de l’ordre ; trois fois par jour les religieux se réunissent au chœur pour chanter l’office ; les dimanches et certains jours de fête, ils dînent en commun et en silence au réfectoire ; une fois par semaine, ils ont une promenade et ont la permission de parler ; cette promenade s’appelle spatiement et elle se fait dans les Termes des Moines. Tout le reste du temps les religieux sont en cellule. Toutes les cellules des religieux sont dans le grand cloître et à une distance à peu près égale les unes des autres. Chacune d’elles est pourvue de ce qui est nécessaire à un homme qui renonce entièrement au commerce du monde ; elle est composée d’une chambre à cheminée, d’une chambre à coucher, d’un cabinet pour étudier, d’une salle à manger, d’une galerie, d’un grenier et d’un jardin. Le temps assez court que laisse libre la récitation des divers offices se partage, suivant l’attrait de chacun, entre l’étude et le travail manuel. Les uns travaillent à leur jardin, les autres à des travaux de [menuiserie ou de tour ; ceux-ci copient