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SAINT-CHARLES

Il existe, à la Croix-Rousse, une rue de l’Enfance. Sont-ils bien nombreux les Lyonnais qui connaissent la raison de cette dénomination ? Il y avait là jadis la maison de l’Enfance, destinée à recevoir les personnes du sexe tombées en démence. Cette maison fut donnée au Bureau par Philippe Bourlier d’Ailly, trésorier de France et l’un des recteurs, au mois de mai 1746. Au mois d’août de la même année, le Bureau fit l’acquisition d’une maison qu’il réunit à l’ancienne, et fit ensuite construire deux autres corps de bâtiments spacieux et séparés. Ce vaste immeuble devait servir de retraite aux sœurs âgées ou infirmes, de local pour les écoles de garçons et de filles, et d’établissement-pour un pensionnat de demoiselles. Et pour ne pas abolir l’œuvre première, on éleva un corps de bâtiment séparé, où les filles et les femmes aliénées continuaient d’être reçues. À la tête de cette maison de la Croix-Rousse était une sœur économe ; on y suivait autant que possible les règlements généraux et particuliers de la maison de Lyon.

Je ne dirai rien des diverses épreuves par lesquelles passa cette communauté à l’époque où le clergé de Saint-Nizier chercha à s’emparer du local et de la chapelle de Saint-Charles. La communauté sortit victorieuse de cette épreuve, et alors M. Brunon, supérieur du séminaire, qui comptait cinquante-deux ans d’exercice, qui avait vieilli dans les traditions de Saint-Charles, les recueillit et composa une nouvelle règle, qui fut approuvée, en 1754, par le cardinal de Tencin.

Et maintenant nous pouvons nous faire une idée plus exacte de cette œuvre, qui d’abord paraît un peu compliquée. Elle comprend deux communautés distinctes et parallèles : le séminaire des maîtres, et la communauté des maîtresses. Le premier était composé d’élèves, de deux professeurs, de quatre directeurs et d’un préfet ou supérieur. Depuis la fondation jusqu’à la Révolution, il y eut six supérieurs, Gabriel Nicolas, Esparron, Bourlier, Chambon, Brunon et Gay : dans la communauté des sœurs, composée de novices, de sous-maîtresses, de maîtresses, parmi lesquelles on prenait les différentes dignitaires, et d’une mère supérieure, je ne cite que quelques noms de révérendes mères : avant la Révolution, la mère