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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Ce nom d’Ainay d’abord, d’où vient-il ? Dans cette question étymologique règne la plus complète anarchie : le latin, le grec, le celtique y ont passé et ne sont pas parvenus à s’entendre.

Le nom latin d’Ainay ne varie pas, c’est Athanacus, insula quæ Athanacus dicitur, est-il dit dans le cartulaire d’Ainay. Guillon fait remonter cette appellation très haut :. « Les Phocéens, dit-il, six cents ans avant Jésus-Christ, fondent Marseille, et chassent une colonie de Grecs, qui remonta le Rhône jusqu’au lieu où la Saône vient s’unir à lui, et forma un établissement sur la montagne. Au confluent, ils établirent une école de sagesse, que, par attachement pour leur patrie, ils appelèrent Athènes, nom qu’on reconnaît dans celui d’Athanacum ou Athenatum, que ce lieu porte encore aujourd’hui. Ainay est le mot francisé. » — Nous verrons plus loin qu’ici fut élevé un temple à Auguste par soixante nations des Gaules. Caïus Caligula y établit plus tard les jeux mêlés, miscellos, ainsi que des concours d’éloquence dans les langues grecque et latine. On a cru généralement que cette académie fut mise sous l’invocation de Minerve, en grec Ἄθηνῆ, et en dialecte dorien Ἄθανᾶ. Ce nom, suivi de la terminaison gauloise ac, acum, aurait donné au quartier sa dénomination d’Athanacum, qui est devenue Ainay. — Artaud, un des plus savants antiquaires de Lyon, fait venir Athanacum de άθάνατος, immortel, par allusion aux premiers martyrs de la première persécution lyonnaise. — D’autres prétendent qu’il vient de ces deux mots grecs έἰς et νεως ou νάος, vers le temple, soit qu’on voulût désigner les martyrs chrétiens, soit qu’on voulût parler du temple d’Auguste. Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que cette interprétation, si elle est ingénieuse pour Ainay, ne s’accorde plus avec Athanacus. — D’autres encore soutiennent qu’il vient de έσνεῶ, je nage dans, à cause de la situation topographique de l’abbaye, baignée par les eaux du Rhône et de la Saône. Même observation que ci-dessus. — M. Péan lui attribue une origine celtique : « La rivière d’Ain, dit-il, et l’abbaye d’Ainay ont la même racine. Athan se dit des cours d’eau et des localités baignées par les eaux. D’Athan à Athanacus, d’Athanacus à Ainay, la dérivation est