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SAINT-CHARLES

les ordres ; cette simple réponse, à notre époque d’insulte et d’outrage, devrait clore bien des lèvres. Citons quelques noms : Cuzin, prêtre de Lyon ; Gringoz, prêtre de Bourg ; Châtal, prêtre de Clermont ; Jacquemain, Farinet, Corton, Morand, prêtres de Bresse. Lorsqu’un jeune maître était appelé aux saints ordres, il était envoyé au séminaire de Saint-Irénée pour y faire sa retraite, puis le nouvel élu revenait à son travail d’enseignement chrétien et populaire. Avoir des prêtres comme instituteurs des enfants était la pensée dominante de M. Démia ; aussi, pour en avoir toujours à sa disposition, fonda-t-il le séminaire de Saint-Charles.

Cette œuvre nouvelle, destinée à assurer l’avenir des écoles de garçons, fut commencée le 27 mai 1672. L’abbé Démia loua, rue du Villars, sur la paroisse de Saint-Nizier, derrière l’église et près de la rue Gentil, une maison spacieuse appelée le Petit-Cameau. Il n’en occupa d’abord qu’une partie ; ce n’est qu’en 1697 que la maison fut achetée. Les règlements étaient à peu près semblables à ceux du séminaire de Saint-Irénée. Les élèves, en dehors des exercices pieux, faisant deux parts de leur temps, allaient deux à deux faire la classe dans les différentes écoles de la ville, et le reste de leur journée, soit le matin soit le soir, était consacré à l’étude de la théologie dogmatique et morale : le petit-séminaire des maîtres d’école ou séminaire de Saint-Charles était fondé, il vécut jusqu’à la Révolution.

Telle fut la première œuvre de M. l’abbé Charles Démia : l’enseignement gratuit donné aux enfants pauvres par des maîtres religieux, prêtres ou clercs. Mais il aurait cru cette œuvre imparfaite si, instituant des écoles pour les jeunes garçons, il n’en eût aussi établi pour l’instruction des petites filles. Aussi fonda-t-il une communauté de maîtresses d’école, qui devinrent les sœurs de Saint-Charles. C’est, de tous les établissements de M. Démia, le seul qui ait survécu à nos révolutions politiques.

Cette seconde création n’eut pas des progrès bien rapides, les développements en furent tardifs ; les arbres de longue durée ne croissent qu’insensiblement. Ce n’est qu’en 1675 qu’on trouve à Lyon deux écoles de filles, l’une sur la paroisse de Saint-Nizier, l’autre