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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Bixuntius de Vallibus, provincial, eurent la rencontre dans Lyon du prince Amédée, huitième duc de Savoie, auquel ils renouvelèrent la demande de sa maison appelée le Temple, laquelle luy feut le 25 de février de l’année 1407, dans sa ville de Bourget, accordée, et donnée par un contract de fondation à l’ordre des P. Célestins, en la personne du P. André de Bourville, procureur général de l’ordre, en ces termes : Désirons faire bastir et fonder un monastère de l’ordre des R. P. Célestins, sous le titre de l’Annonciation de Notre-Seigneur, dans nostre maison de Lyon, appelée anciennement le Temple, située entre la Sonne et le Rosne, vous donnons à perpétuité nostre dite maison, avec toutes ses appartenances, estendues, église et cloistres anciennement bastis audit lieu, ses fonds et dépendances, pour y bastir un monastère de vostre dit ordre. »

Ce donateur princier, Amédée VIII, mérite de fixer un instant notre attention. Le voyageur qui navigue sur le lac de Genève voit, en longeant cette rive fertile de la Savoie, qu’on appelle la côte d’Abondance, un château qui porte le nom de Ripaille. C’est là qu’après la mort de son épouse Marie de Bourgogne, fille de Philippe le Hardi, se retira (1433) le duc Amédée, accompagné de six seigneurs, chevaliers de Saint-Maurice et veufs comme lui. Ils y vécurent d’une vie retirée, pieuse, l’annaliste Brovius dit même angélique. En 1439, le duc assista au concile de Bâle, et y fut élu antipape sous le nom de Félix V. On connaît ce moment difficile, signalé dans l’histoire sous le nom de schisme d’Occident, où L’Église se trouva dans la plus grande confusion et reconnut en même temps plusieurs papes. Mais ce qu’on ignore, c’est la part glorieuse de L’Église de Lyon dans la cessation du schisme. Sans doute, plusieurs personnages s’employèrent dans ce but, mais ce fut à la persuasion du bienheureux Louis, chanoine-comte de Lyon, qu’à la mort d’Eugène IV et à l’avènement de Nicolas V, Félix V donna sa démission. Il revint dans son château de Ripaille, où il mourut en 1450. Son cœur fut apporté par les P. Célestins dans leur église de Lyon, et posé au-devant du sanctuaire sous une large pierre, où furent gravées les armes de Savoie, qui sont de gueules à la croix d’argent couronnée à la ducale.