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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

aboli en 1312 par le concile général de Vienne ; le souverain pontife Clément V et Philippe le Bel adjugèrent les biens des Templiers aux chevaliers de Malte.

Les chevaliers de Malte formaient un ordre à peu près semblable à celui des Templiers : ce sont eux qui les derniers quittèrent la Terre sainte, défendirent pendant deux cents ans l’île de Rhodes, et se retirèrent à Malte, où ils subsistèrent jusqu’en 1798. À cette époque, Bonaparte, allant en Égypte, s’empara de l’île, et l’existence politique de l’ordre fut terminée.

À Lyon, les Chevaliers de Malte entrèrent en possession du Temple, mais soit que cette possession fût plus coûteuse que profitable, soit que cette maison fût trop voisine de leur Commanderie, ils n’y restèrent que quelques années, et ce fut par un échange fait avec ces Chevaliers que les ducs de Savoie en devinrent propriétaires.

Ce détail est à retenir, car les auteurs n’ont pas toujours été très précis sur ce point. Le manuscrit du P. Grasset, religieux de l’ordre, s’exprime ainsi : « Du débris général des biens des Templiers… le comte de Savoie se retint leur maison de Lyon pour y faire bastir un palais pour son service. » Il semble d’après cette phrase que le comte de Savoie n’eut qu’à prendre ce qui lui convenait ; il n’en est rien. Le livre du P. Berthier, dépositaire du couvent de Lyon, a une autre version : ce Les Chevaliers de Sainct Jehan de Rhodes donnèrent ce lieu à feu de bonne mémoire Aymé Ier, comte de Savoie, pour la victoire qu’il obtint contre les Turcqs. » D’après ce passage, le comte de Savoie aurait reçu cette maison comme une récompense de sa bravoure ; il n’en est rien. La vérité est que le comte de Savoie entra en possession du Temple en échange de rentes et de droits à la Verpillière, et dans le mandement de Falavier, en Dauphiné. Les comtes de Savoie en restèrent possesseurs pendant environ quatre-vingts ans, et en firent quelquefois leur résidence.

Tel était l’état des choses et des lieux dans les dernières années du quatorzième siècle, quand un prieur d’un couvent de Célestins, situé à Colombier-le-Cardinal, près d’Annonay, le P. Yves Grossi,