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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

nation ; elle fut béatifiée par l’Église, et le Carmel célèbre sa fête le 18 avril.

Cet ordre se répandit beaucoup en France ; au moment de la Révolution, on en comptait soixante-cinq, c’est assez dire de quelle estime il jouissait. C’est là que se réfugia sœur Louise de la Miséricorde, qui s’appelle dans l’histoire la duchesse de la Vallière ; c’est là aussi qu’alla se cacher, sous le regard de Dieu, abandonnant les marches du trône où elle était née, Marie-Louise de Bourbon, qui avouait n’avoir jamais trouvé, sous les lambris dorés, autant de bonheur que dans sa pauvre cellule.

La règle y est très sévère : la Carmélite est une victime qui meurt chaque jour. Le costume se compose d’un habit de couleur brune ou tannée, d’un scapulaire, de bas de toile, de sandales, d’une guimpe blanche sur laquelle est adapté un voile noir. Les religieuses portent au chœur, pour les fêtes et les cérémonies, un manteau blanc et un second voile noir.

Quatorze ans après la fondation du couvent de Paris, en 1616, fut fondé le couvent de Lyon, le quatorzième dans la liste des fondations. Il y avait à Lyon, comme gouverneur de la ville et de la province, Charles de Neuville de Villeroy, marquis d’Halincourt. Sa femme était Jacqueline de Harlay, fille de ce Harlay de Sancy qui alla en Suisse chercher seize mille hommes, qu’il amena à Henri IV guerroyant encore pour conquérir son trône. Cette Jacqueline de Harlay avait, au monastère de l’Incarnation à Paris, une sœur, Mère Marie de Jésus, veuve de M. le marquis de Bréauté, qu’elle visitait souvent. Celle-ci lui procura la connaissance de la Mère Magdeleine de Saint-Joseph, religieuse Carmélite du même couvent, qui, dès la première entrevue, lui dit plusieurs choses pour l’utilité de son âme. Elle en demeura extrêmement satisfaite, et noua avec elle une si étroite amitié qu’elle a duré jusqu’à la mort. Par cette connaissance, l’amour des Carmélites s’alluma dans son cœur, et elle en fut si éprise qu’elle résolut de fonder à Lyon un couvent de cet ordre. Approuvée dans son projet par son mari, Charles de Neuville, elle acheta, au-dessous des vignes des Chartreux et au-dessus du couvent de l’Annonciade, un