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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

En 1618, le marquis Philibert de Nérestang, grand-maître des chevaliers du Mont-Carmel, acheta la recluserie et des terrains avoisinants, et les donna aux Carmes de la nouvelle congrégation, avec une rente pour l’entretien de huit religieux. Les Déchaussés s’y établirent donc, et leur église fut placée sous le patronage de Notre-Dame du Mont-Carmel.

L’histoire de cette communauté a dû être calme, les Archives départementales sont pauvres en fait de documents qui la regardent. Je ne vois à signaler qu’une grande fête religieuse célébrée en 1675, à propos de la béatification de Jean de la Croix, déclaré bienheureux le 26 avril de cette année. Huit panégyriques y furent prononcés.

Pourquoi ne pas signaler aussi l’eau de mélisse des Carmes, spécifique merveilleux qui s’y fabriquait, et qui guérissait toutes les maladies ? Quand la Révolution eut chassé les religieux de leur couvent, les frères Serre emportèrent avec eux le secret de la fabrication de l’eau des Carmes. Ils s’établirent à l’angle méridional de l’escalier du Change et de la montée Saint-Barthélémy. Les frères Serre sont morts, mais ils ont eu, dans le même local, un successeur qui prétend posséder seul le vrai secret de la fabrication.

Le couvent des Carmes-Déchaussés n’échappa pas aux mesures révolutionnaires. Le 28 octobre 1789, Palerne de Savy s’y présenta et procéda aux formalités voulues par la loi. La communauté comptait alors huit pères et six frères convers. Les registres de la municipalité nous apprennent que, de tous les Carmes que contenaient les deux couvents de Lyon, deux seulement restèrent fidèles à leur passé. Ils se rendirent dans la maison des Récollets, qui fut choisie pour recevoir tous les membres des anciennes communautés de moines mendiants. Un décret du 18 août 1792 supprima même ces établissements dont le décret précédent avait autorisé le maintien.

Depuis lors le couvent des Carmes-Déchaussés a subi des fortunes bien diverses. En 1789, il devint une caserne ; dans les dernières années du règne de Louis-Philippe et sous l’administration de M. Terme, maire de Lyon, il devint une caserne de passagers. En 1860, il fut rendu à sa destination première : il y avait déjà une