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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

qu’il viendrait encore tous les dimanches, et qu’en outre des oraisons mentales, seuls exercices jusqu’alors de l’association, il y aurait désormais chants, prédications, bénédictions, etc. Le Provincial et le Prieur se rendirent chez le vicaire général, et le prièrent humblement de ne pas leur faire ce tort, ils ne purent rien obtenir. Le recteur des Pénitents, M. Bastero, fit une semblable démarche, mais n’obtint aucun succès. C’est alors qu’éclate le conflit.

Le dimanche 7 mars, le P. Provincial, Timothée de Saint-Paul, fit enlever le tableau qui portait pour titre : Association à la Passion de Jésus, et qui annonçait les offices du jour. Il fit, de plus, avec l’agrément du recteur, fermer la porte de l’église. L’abbé Morange ne voulut pas être battu, il vint à la chapelle, et la trouvant fermée, il passa par une ouverture qui donnait sur la Grande-Boucherie ; de l’intérieur il ouvrit la porte et se mit en état de commencer les exercices publics. Ace moment, le P. Provincial, accompagné de trois religieux, pénétra dans cette même chapelle, ferma la porte sur lui, et pria le vicaire général de se retirer. Il fit quérir un notaire qui dressa procès-verbal des faits, et constata le refus de M. Morange d’obtempérer à la sommation qui lui était faite. Puis, le P. Provincial alla s’agenouiller au pied de l’autel ; le vicaire général prit le parti de se retirer.

Mais M. Morange porta immédiatement plainte de l’injure qu’il avait reçue, et dès le lendemain, sur la réquisition du Promoteur de l’officialité, le juge ecclésiastique rendit un décret de prise de corps, tant contre le P. Provincial que contre tous les Carmes. L’effet ne s’en fit pas attendre ; ce même jour, le Procureur du Couvent, le P. Paul de Saint-Antoine, se trouvait en ville. Il fut appréhendé, relâché, repris et finalement écroué dans les prisons de l’archevêché. Ce fut assurément un grand scandale. Le Prieur s’empressa de solliciter l’élargissement du Procureur, qui n’était pas au couvent dans la soirée de la veille ; le Promoteur de l’officialité ne voulut rien entendre. Et ce ne fut pas tout ; le surlendemain 9 mars, l’appariteur vint de la part du grand-vicaire « signifier au couvent et placarder sur la grande porte un interdit contre le P. Provincial, le P. Nico-