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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

les polémiques violentes, voici ce qui se dégage assez vraisemblablement des faits et de l’histoire :

Le prophète Élie se retirait souvent sur la montagne du Carmel pour y vaquer à la contemplation des choses divines. Son disciple Élisée, avec ces hommes que les saintes Écritures appellent les enfants des prophètes, suivit cet exemple. Jusqu’à l’avènement du Sauveur, le Carmel fut peuplé de ces solitaires, qui furent vraiment les prédécesseurs des solitaires chrétiens ; saint Jérôme et saint Basile regardent Élie comme leur chef, et l’ordre des Carmes comme son fondateur ; un des puissants arguments de leurs prétentions, c’est qu’en 1727 ils obtinrent du pape Benoît XIII la permission déplacer dans Saint-Pierre de Rome, où se trouvent les statues de tous les fondateurs d’ordre, celle du saint prophète du Carmel.

Comment les solitaires du Carmel embrassèrent-ils la foi chrétienne ? Il est peut-être difficile de l’établir d’une manière péremptoire. Il n’est pas douteux cependant que, dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, le Carmel était peuplé de solitaires chrétiens. Mais comment vivaient-ils ? Formaient-ils des groupes, des communautés, ou bien vivaient-ils isolés les uns des autres ? Avaient-ils une règle uniforme et commune ? Ce sont autant de questions auxquelles on a essayé de répondre, mais jamais d’une manière satisfaisante. Berthold le premier rassembla les solitaires, et son successeur Brocard sollicita de saint Albert, patriarche de Jérusalem, une règle pour ses moines. Cette règle, en seize articles, leur fut donnée en 1209, et elle fut confirmée dans la suite par les papes Honorius III, Grégoire IX et Innocent IV. C’est celle qui s’observe dans tout le Carmel réformé.

Au treizième siècle, des Carmes s’établirent en Sicile, d’autres en Angleterre, où naquit la dévotion au saint scapulaire, révélée par la Sainte Vierge au bienheureux Simon Stock ; quelques autres enfin abordèrent en Provence, en 1244, aux Aigualades, à une lieue de Marseille, et y fondèrent un couvent. À l’époque où Innocent IV séjournait à Lyon, il reçut une délégation de deux religieux Carmes venant solliciter de Sa Sainteté des lettres de recommandation pour tous les princes chrétiens. Saint Louis ramena de l’Orient, au retour de sa