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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Foy, la Croix-Rousse furent les théâtres de leur indomptable courage et de leur virile énergie. Dubois-Crancé avait cent mille hommes pour assiéger la ville ; les Lyonnais durent céder au nombre, mais ils ne se rendirent pas. Ils décidèrent une dernière sortie, ils étaient alors quinze cents combattants ; ils furent poursuivis et massacrés du côté de Tarare ; une centaine seulement s’échappa.

Quand les conventionnels furent maîtres de Lyon, la Terreur y régna. On rechercha les suspects, et on les mena dans la plaine des Brotteaux. Là, entre deux fossés bordés de dragons, étaient placées les victimes ; on braquait le canon contre ces infortunés et une horrible décharge dispersait leurs membres ; les soldats achevaient ensuite, à coups de sabre ou de baïonnette, ceux qui n’étaient pas morts sur le coup.

Après la Terreur, un jour fut choisi, le 29 mai 1795, pour rendre les honneurs funèbres aux malheureuses victimes de la tyrannie. Un cénotaphe provisoire fut bâti en leur honneur, mais on le brûla pendant une nuit. Ce n’est que plus tard qu’on pensa à leur élever un monument durable. Une souscription fut ouverte le 20 septembre 1814 ; le 21 octobre suivant, le comte d’Artois posa la première pierre du monument expiatoire, et le 29 mai 1819, on y célébra la première messe. Ce monument est un assemblage bizarre : la porte est romane, les colonnes sont grecques, le reste présente l’aspect d’une pyramide égyptienne. L’église possède un modeste tombeau du général de Précy ; dans un vestibule latéral de l’église sont affichés les noms des victimes de la Convention ; dans les caveaux souterrains ont été réunis leurs ossements.

Cette chapelle expiatoire est desservie par les RR. PP. Capucins. Ils passent là leur vie dans le jeûne et la prière. Depuis 1871, ils ont un couvent au-dessous de Fourvière, à la montée Saint-Barthélémy ; un peu plus tard, ils ont ouvert, sur la paroisse de Cuire, une école apostolique, et tout récemment ils ont élevé, entre Saint-Just et Saint-Irénée, une grande maison, où est établie la procure des Missions. Les PP. Capucins, malgré les troubles de nos temps, ont conservé beaucoup de popularité.