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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

six semaines, et dont la réception n’avait été différée que jusqu’à ce que les bâtiments fussent achevés.

« Ces ecclésiastiques furent charmés d’avoir fait cette découverte, ils formèrent la résolution de priver ces religieuses de cette ressource, et se donnèrent tant de mouvement qu’ils parvinrent à obtenir la lettre de cachet contre laquelle les religieuses réclament aujourd’hui… »

Ce mémoire continue en défendant vaillamment la situation compromise des Bernardines. Il dit qu’il y a à Lyon trois couvents de Bénédictines et un seul de Bernardines, que, s’il y a à supprimer un monastère, il est bien plus simple de supprimer un couvent de Bénédictines, et bien plus raisonnable d’unir l’abbaye de Chazeaux à un autre monastère du même ordre, que de supprimer les Bernardines pour permettre de vivre à un troisième monastère de Bénédictines. Il termine en disant que le monastère de la Croix-Rousse est utile aux habitants du quartier, et que cette utilité est si bien reconnue qu’une somme de vingt mille livres vient d’être déposée entre les mains du curé de Saint-Pierre, pour le monastère des Bernardines, dans le cas où il serait conservé.

En lisant ce mémoire, on est presque tenté de douter des graves imputations qu’il formule ; cependant, pour les soumettre au roi, les religieuses devaient avoir des certitudes. Mais voici un autre fait qui nous confirme dans la pensée que toute cette affaire fut menée par Mgr de Tencin avec quelque hostilité pour les Bernardines.

Le cardinal de Tencin mourut à Paris le 2 mars 1758. Mgr Malvin de Montazet lui succéda ; il prit possession de son siège le 31 mars 1759. Les Bernardines, à cet avènement, reprirent courage et présentèrent leurs doléances au nouvel archevêque. Mgr de Montazet assura les Bernardines de sa bienveillance, mais pour juger avec équité cette affaire délicate, il demanda que les deux procédures, civile et ecclésiastique, lui fussent communiquées. La procédure civile fut facilement réunie, mais il fut impossible de retrouver là procédure ecclésiastique, et quand, sur les instances pressantes des Bernardines, il ne fut plus possible d’esquiver les responsabilités par des échappa-