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LES BERNARDINES

Avec des religieuses assez nombreuses, avec un pensionnat de jeunes filles, avec des personnes plus âgées qu’elles prenaient à demeure, les Bernardines se trouvèrent à l’étroit, et en 1744, elles reconstruisirent un bâtiment beaucoup plus spacieux et plus commode ; la chapelle, cependant, était modeste et n’avait rien de remarquable. Cette reconstruction imposa des charges au monastère, mais elles y firent face en louant à un particulier des terrains sur lesquels des maisons furent élevées, lesquelles maisons devaient revenir au monastère après un certain nombre d’années.

Mais ce qu’il y a de particulièrement intéressant dans l’étude de ce monastère, c’est l’histoire de sa suppression. Ici, pour ne pas avoir l’air de prendre parti pour ou contre les Bernardines, je ne ferai que citer des textes : ils sont très suggestifs.

Le roi avait nommé des commissions d’enquête qui devaient étudier la situation matérielle des nombreux couvents de France. Ceux qui étaient reconnus comme ne pouvant se suffire devaient être condamnés à ne plus recevoir de novices, et à se joindre à un autre monastère, quand les religieuses seraient réduites à un nombre notoirement insuffisant. Les Bernardines, paraît-il, ne furent pas trouvées dans de telles conditions que leur avenir parût assuré. Le 24 septembre, elles recevaient du roi cet avis impératif : « Chère et bien-aimée, étant informé de l’état de votre communauté, nous vous mandons et ordonnons de n’y plus recevoir de novices, jusqu’à nouvel ordre de notre part. Si n’y faites faute, cartel est notre plaisir. Donné à Versailles, le 24 septembre 1749. »

On comprendra facilement quelle émotion fit naître chez les Bernardines cette douloureuse communication. À partir de ce moment, elles adressent des réclamations un peu partout. Quelques jours après cette injonction, Mgr Nicolas Navarre, évêque suffragant, écrit à la supérieure des Bernardines une lettre, où il lui indique quelle conduite elle doit tenir dans ces circonstances difficiles.

Les Bernardines cherchent quelle peut être la raison de leur suppression ; elles se demandent si elles ont ou si l’on a quelque chose à leur reprocher ; elles le demandent même à l’autorité ecclésiastique.