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LES BÉNÉDICTINES

rejetant et condamnant toutes les erreurs qu’elle condamne, croyant toutes les vérités qu’elle enseigne. Si Votre Grandeur ne le croit, nous la supplions de nous marquer précisément et clairement quelle est l’erreur que nous soutenons et la vérité que nous ne croyons pas, et nous protestons que nous lui donnerons là-dessus toutes les satisfactions qu’elle peut désirer.

« À l’égard de la Constitution Unigenitus où il semble que toute l’affaire doit se réduire, il est vrai que notre conscience ne nous permet pas de la recevoir et d’en faire la règle de notre foi. En le faisant, nous croirions condamner des vérités essentielles à la religion. Ce refus ne vient ni d’entêtement ni d’opiniâtreté, encore moins pour vouloir faire les savantes et les théologiennes. Nous gardions le silence, et Votre Grandeur nous oblige de parler. Nous n’avons pas la subtilité de ceux qui trouvent de mauvais sens à des propositions qui contiennent les vérités les plus communes que nous avons apprises dans notre catéchisme, et que nous voyons encore tous les jours dans les prières de l’Église. Nous ne pouvons parler autrement que nous ne pensons ; cela est contraire à la vérité et à la sincérité, ce qui n’est jamais permis, surtout en fait de religion. Ce serait manquer de respect et de soumission à Votre Grandeur qui nous a expressément déclaré qu’elle ne voulait ni détours ni équivoques, mais que le cœur fût d’accord avec les paroles. Cet ordre si raisonnable et si fort de notre goût est pour nous une nouvelle obligation de ne point déguiser nos sentiments. Si nous nous trompons, c’est de bonne foi, nous sommes dignes de pitié ; mais on ne saurait condamner notre sincérité qui nous expose à tant de peines. C’en est une grande, Monseigneur, que d’encourir votre indignation, nous en sentons toutes les suites. Votre Grandeur a toute l’autorité, nous ne sommes que de pauvres filles, qui n’ont pour elles que le témoignage de leur conscience et de leur confiance en Dieu. C’est de là que vient cette assurance, qui ne nous laisse ni doute ni difficulté, sur ce que Dieu exige de nous dans cette occasion.

« Mais la plus grande de toutes les peines pour nous, c’est, Monseigneur, la privation des sacrements, où nous voyons bien que