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LES BÉNÉDICTINES

après : ce que nous venons de marquer est très vrai ; nous supplions Votre Grandeur de le croire et de juger par cet exemple que beaucoup d’autres choses qu’on lui dit contre nous ne sont pas telles qu’on les Lui rapporte et de vouloir bien les éclaircir avant d’y ajouter foi. Si Votre Grandeur avait la bonté de donner cette attention sur les faux témoignages qu’on vient rendre contre nous par rapport aux absolutions nocturnes, la vérité triomphera infailliblement du mensonge. Souffrez encore, Monseigneur, que nous disions, à l’égard des personnes qui nous ont conduits (sic), nous n’en avons jamais eu qu’avec l’approbation et la permission de nos supérieurs. Cela suffit pour nous justifier là-dessus, et nous sommes obligées de rendre à tous cette justice, et nommément aux Pères de l’Oratoire, qui nous ont instruites des devoirs de la vie chrétienne et religieuse, sans nous entretenir des disputes de ce temps qui ne nous convenaient pas.

« Souffrez, Monseigneur, que nous prenions la liberté d’exposer à Votre Grandeur les raisons qui semblent prouver que nous n’avons jamais été coupables d’hérésie ni d’aucun mauvais sentiment ; aurions-nous pu les cacher si longtemps à nos illustres archevêques vos prédécesseurs, qui nous ont donné en toute occasion des marques de bonté ? Mgr Camille[1] a donné son agrément pour fonder la maison ; Mgr de Saint-George[2] a établi la réforme après beaucoup d’informations et une visite exacte et régulière où rien n’échappa à ses lumières. Nous avons encore l’ordonnance qu’il fit pour la réforme. Il n’y paraît pas être mécontent de nos sentiments ni de notre conduite. À l’égard de Mgr de Villeroy[3], on sait assez qu’il nous honorait d’une bienveillance et d’une protection particulières. Il ignorait si peu nos sentiments qu’étant un jour dans notre maison, ayant trouvé un traité de M. Nicole[4], il le prit en disant : Voilà un excellent livre ; vous estimez, mes filles, ce que j’estime, et vous aimez ce que j’aime.

  1. Camille de Neuville de Villeroy, archevêque de Lyon de 1663 à 1693.
  2. Claude de Saint-George, archevêque de Lyon de 1693 à 1714.
  3. François-Paul de Neuville de Villeroy, archevêque de Lyon de 1714 à 1731.
  4. Nicole, un des solitaires de Port-Royal, défenseur du jansénisme.