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LES BÉNÉDICTINES

abbesse fut Marguerite Rigaud, et Luce de Beaudiner, comme toutes les fondatrices, se réserva des appartements dans le monastère, pour partager avec les religieuses leur vie de prière et de pénitence.

Pendant près de deux siècles, la communauté franciscaine fut fidèle à ses devoirs religieux ; mais le relâchement s’introduisit alors dans le couvent : la clôture fut violée et la règle mise de côté. Il y eut plusieurs tentatives de réforme qui, un instant, réussirent, mais qui n’eurent pas de durée. Mais, en 1507, Bénigne Mitte de Chevrières, alors prieure du monastère bénédictin de Sainte-Marie de Coise, en Argentière, au pays de Forez, fut appelée, par la résignation de sa tante maternelle, à diriger l’abbaye de Chazeaux.

Cette nouvelle abbesse, d’une piété saine et solide, élevée dans les grandes et fortes traditions de saint Benoît, avait conservé au cœur son filial amour pour la famille religieuse d’où elle sortait. Elle avait revêtu l’habit des Clarisses, mais d’esprit et de cœur elle était restée Bénédictine. Elle se persuada qu’elle combattrait le relâchement de ses nouvelles enfants, en substituant à leur règle celle du prieuré de l’Argentière. Ce changement se fit sans grande opposition, et l’abbaye franciscaine devint un modeste prieuré de Bénédictines. Dès lors la communauté n’eut plus le droit de se donner des supérieures ; elle les reçut de la maison royale de Saint-Pierre-les-Nonnains, sous la dépendance immédiate de laquelle elle était placée.

Ce changement eut pendant quelque temps un heureux effet, mais les habitudes de frivolité et de dissipation ne tardèrent pas à reprendre le dessus. Une telle persistance dans la tiédeur allait attirer un châtiment de Dieu.

Après la bataille de Moncontour (1569), qui avait mis les huguenots à deux doigts de leur perte, les partisans se répandirent un peu partout. Sept ans auparavant, le baron des Adrets avait attaqué la ville de Feurs, puis celle de Montbrison, dont le siège et la prise sont demeurés célèbres, mais il ne paraît pas qu’à ce moment-là l’abbaye de Chazeaux ait été inquiétée. Mais, en 1569, Colombière, envoyé par Coligny, surprenait la ville de Saint-Étienne et s’y livrait aux plus horribles massacres ; la ville fut pillée,