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LES BÉNÉDICTINES

quatre-vingt-deux ans, le 12 juin 1675. Sa nièce, Marguerite de Quibly, lui succéda comme abbesse.

L’église possédait trois tableaux estimés de Dassier, la Bénédiction des pains, un Saint Benoît et une Sainte Scholastique. Elle avait des reliques de saint Paulin et de saint François de Sales. Le rapport de l’intendant Dugué nous apprend qu’en 1668, la Déserte comptait cinquante-six religieuses et quinze sœurs converses ; elle avait un revenu de 7-833 livres et ses dépenses montaient à 14.691 livres ; la différence provenait sans doute des sommes payées par les pensionnaires volontaires ; cependant, malgré tout, on se demande comment on peut subvenir à tant de besoins avec une moyenne de deux cents livres par tête.

Après Mme de Quibly, la Déserte continue sa vie régulière et monotone. Point d’incident marquant à signaler, nous tombons dans les infiniment petits, les conflits mesquins, les petites réclamations ; telle celle, que nous avons vue déjà, par laquelle l’abbesse exige que des ouvertures pratiquées par les Annonciades, et prenant jour sur la Déserte, fussent bouchées ; telle encore celle du curé de la paroisse à propos de sépulture ; l’abbesse prétendait que ses pensionnaires avaient de droit élection de sépulture dans le couvent ; le curé, s’appuyant sur les ordonnances de Mgr de Neuville de Villeroy, lui démontre respectueusement et fermement la fausseté de ces prétentions ; cette réclamation eut lieu vers 1720.

L’abbaye royale de la Déserte vécut jusqu’à la grande Révolution. Elle avait alors une quarantaine de religieuses, et l’abbesse, Alexandrine de Montjouvent, était la sœur du doyen des chanoines-comtes de Lyon. Lorsque liberté entière fut donnée aux religieuses d’abandonner leur retraite, une seule en profita et quitta le couvent. Bientôt l’abbaye fut supprimée.

Après la Révolution, le quartier de la Déserte fut transformé. Sur les fondations du cloître démoli on éleva des maisons, et de l’intérieur du cloître on fit une place. Cette place devrait logiquement s’appeler de la Déserte ; elle s’appelle place Sathonay et rappelle le souvenir de M. le comte Fay de Sathonay, qui fut maire