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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

terre et maison comprend la moitié de la rue descendant des Carmélites. Ce nota est précieux, puisqu’il nous indique les limites du couvent de ce côté.

Au commencement du dix-septième siècle, une jeune enfant de dix ans, Marguerite de Quibly, nièce de l’abbesse, Mme de Chaponay : entra dans la royale abbaye de la Déserte. Cette enfant, destinée à devenir une femme remarquable à tous égards, doit un instant arrêter notre attention.

Néry de Torvéon, marié à Catherine de Chaponay, tenait, par les alliances de sa maison, aux plus nobles familles de France. Il donna en mariage sa fille Sibylle à Zanobe de Quibly, jeune Florentin, arrivé depuis trois jours à Lyon. De ce mariage naquit Marguerite de Quibly, qui, à l’âge de dix ans, fut confiée à sa tante.

Il est touchant de voir cette enfant, dans un âge aussi tendre, s’efforcer de prévenir les années par le mérite de ses actions, travailler de tout son pouvoir à acquérir cette perfection chrétienne et religieuse, qui est l’ambition des grandes âmes. Elle fut coadjutrice à l’âge de dix-sept ans, et sept ans après, quand sa tante mourut, elle devint abbesse et garda le gouvernement de la Déserte pendant cinquante-huit ans.

Le monastère avait besoin d’une femme pareille, remplie d’énergie, d’activité et de sagesse. À ce moment (1617), les ressources du monastère avaient presque entièrement disparu ; les rentes, les fonds, les droits de l’abbaye étaient perdus ; le couvent n’était pas habitable ; l’église, les voûtes crevées, menaçait ruine. Au spirituel, une bulle d’Urbain VIII dit qu’il ne paraissait en rien que les religieuses de la Déserte eussent jamais vécu sous des règles approuvées dans l’Église, ni qu’il y régnât la vie commune, ni qu’on y eût gardé quelque espèce de clôture. Le vêtement que portaient ces dames ne les distinguait pas des personnes vivant dans le monde, on ne savait si elles étaient religieuses ou non, puisque leur manière de vivre tenait plus de la congrégation séculière que du monastère. Tout ce qu’elles avaient d’observances consistait à se trouver à l’église quand bon leur semblait, et sans y être séparées du peuple,